
Pour son premier long métrage la cinéaste Miwako Van Weyenberg livre un drame familial vibrant bercé par la douceur du bruissement des feuilles. Une fiction onirique à la mise en scène maitrisée, intime et personnelle. La cinéaste dévoile un univers singulier, multiculturel, savant mix de Belgique et de Japon. L’avènement d’une cinéaste à l’univers prometteur. A lire aussi : entretien avec Miwako Van Weyenberg.
Yuna onze ans, vit avec son père Julien, Geert Van Rampelberg, entraineur de saut en hauteur. Après une mauvaise chute l’homme finit à l’hôpital et Yuna, Lill Berteloot se retrouve seule avec son frère aîné Kai, Kaito Defoort. Tous deux forment un duo frère soeur très juste. Leur mère, Masako Tomita, débarque du Japon pour s’occuper d’eux avec leur jeune demi-soeur, Sara Hamasaki. Un cataclysme pour Yuna.
Dans une maison-personnage belge à l’épure japonisante baignée par la nature, la cinéaste nous plonge dans l’univers de Yuna, onze ans. Elle dresse un portrait intimiste de cette jeune fille dont le petit monde va voler en éclats. Dans son premier rôle Lill Berteloot incarne la jeune Yuna et irradie l’écran de sa présence lumineuse, douce et réservée. Tout en délicatesse, la mise en scène s’efface pour laisser planer les émotions des personnages. A l’image la nature est reine, tandis que dans la formidable bande-son les émotions viennent parfois submerger l’image. La cinéaste prend le parti-pris de suivre sa jeune héroïne et même quand le drame survient, la caméra persistera à se concentrer sur elle.
Ce drame épuré très juste et délicat sonde les bouleversements internes d’un personnage incapable de les extérioriser. L’incommunicabilité est d’ailleurs un thème du film avec ces protagonistes qui dialoguent et passent allègrement d’une langue à l’autre. Néerlandais, japonais, anglais… La culture est comme une porte ouverte vers une richesse (la mère offre des baguettes à ses enfants, tout un symbole) qui permet de connaitre, d’aller vers l’autre, d’évoluer et d’accroitre son univers. Le film de Miwako Van Weyenberg invite à l’ailleurs, à la communication entre les êtres, à l’évolution.