Daily Cannes! Partir un jour, comédie pop irrésistible d’Amélie Bonnin ouvre le 78ème Festival de Cannes!

A la surprise générale, une rom’com musicale à la BO des années 90 réalisée par une réalisatrice française inconnue du grand public ouvre cette année la 78ème édition du Festival de Cannes. Pas tout à fait inconnue puisque les aficionados des Césars se rappelleront que son court métrage éponyme fut lauréat du meilleur court métrage de fiction 2023. Partir un jour, comédie chantante irrésistible portée par Juliette Armanet, est le premier long métrage de la cinéaste. La sélection cannoise s’ouvre sur une note plutôt joyeuse avec cette comédie musicale générationnelle inspirante, au personnage féminin fort parvenu à un moment crucial de sa vie.

Cécile s’apprête à atteindre son rêve, ouvrir un restaurant gastronomique. Son père est victime d’un infarctus et la jeune femme est contrainte de retourner dans le village de ses parents. Elle y croise par hasard son amour de jeunesse. C’est alors que les souvenirs reviennent et les certitudes vacillent…

Après un générique pop rouge et rose, Amélie Bonnin nous emmène dans l‘univers des thrillers de cuisine au rythme effréné devenus récemment à la mode, comme The Chef de Philip Barantini ou encore l’excellente série The Bear. Ici, chose peu commune, le Chef est une trentenaire, Cécile, prête à décrocher son rêve, secondée par son compagnon, Sofiane, Tewfik Jallab. Sauf qu’ici on répond au stress envahissant par une chorégraphie sur « Alors on danse » de Stromaë. Et le récit se transforme, part vers l’enfance d’une héroïne moderne qui se gave de dragibus et retourne dans la campagne chez ses parents, entourée des copains d’alors et des premières passions amoureuses.
La chanteuse-actrice Juliette Armanet est époustouflante dans le rôle de Cécile, face à Bastien Bouillon (La nuit du 12 de Dominik Moll) rayonnant et méconnaissable, cheveux longs décolorés blonds. Dans cette comédie profondément humaine où les drames s’enfuient joyeusement chassés par un humour corrosif, les personnages hauts en couleur sont très attachants. Les parents de Cécile, excellentissimes Dominique Blanc et François Rollin s’aiment dans un conflit autogéré par leur relais routier.
L’univers du passé dans lequel plonge Cécile est à la fois rocambolesque et désarmant. La cinéaste saupoudre un zeste de mélancolie sur sa comédie. L’émotion est présente dans chaque détail, du chien Bocuse qui squatte son petit lit aux routiers avec qui elle n’hésitera pas à boire un verre, jusqu’aux traditions régionales comme cette foire où l’on pêche et à laquelle Cécile participera en cuisinant. La relation entre Cécile est son père est particulièrement émouvante.
Dans ce film, le souvenir, la famille, les amis, les émotions du passé reviennent autour du régional, thématique déjà présente au festival 2024 avec Vingt Dieux de Louise Courvoisier, ou encore l’idée du déterminisme social. Installée à Paris, Cécile est célèbre et revient chez ceux qui sont restés dans « une faille temporelle ». Le répertoire de chansons françaises des années 90 en appellera forcément à la mémoire du spectateur francophone quadra.
Partir un jour fait partie de ces comédies populaires qui ont du succès car elles manient des thèmes universels en virevoltant. Le drame est traité avec légèreté, avec toute l’émotion qui lui est dû. Le spectateur passe par le spectre émotionnel de l’histoire initiatique et régénérante de ce personnage pop envoûtant.

Partir un jour sortira dans les salles belges le 21 mai.