Une part solaire émane de celui qui enflammait la Croisette avec 120 battements par minutes Grand Prix à Cannes en 2017 quand il évoque son dernier film titré «Enzo, Un film de Laurent Cantet réalisé par Robin Campillo».
Enzo est un geste de cinéma rare et précieux, sa dernière collaboration avec son ami cinéaste Laurent Cantet, décédé en avril 2024. Leur rencontre à l’IDHEC dans les années 80 fut le début d’une fructueuse collaboration cinématographique. Robin Campillo a notamment co-écrit avec lui le scénario d’Entre les murs, Palme d’Or 2008
à Cannes. Parler de Enzo, ce film lumineux, promesse tenue à un ami d’en assurer la réalisation semble transcender l’homme qui a tenu jusqu’au bout ce projet ardu. Le cinéaste décrit ses personnages bien loin de l’écriture du scénario, comme s’ils avaient leur vie propre. Et c’est peut-être là le secret de ce duo de cinéastes doués d’un cinéma coup de poing, réaliste, politique et passionné par les enjeux sociétaux, leurs protagonistes sont vivants. Enzo a ouvert la Quinzaine des Cinéastes du festival de Cannes en mai, une belle vitrine pour cette collaboration exceptionnelle, belle et humaine à la fois entre deux amis-cinéastes et un bel hommage, vivant, à Laurent Cantet de la part d’une profession.
Enzo donne l’impression d’être complètement pétrifié par le monde. Comment le définiriez-vous ?
Robin Campillo : C’est amusant d’utiliser le mot pétrifié d’où vient le mot pierre. Son père a raison de lui dire qu’il a peur, qu’il tremble comme une feuille. C’est quelqu’un qui a décidé de se confronter à ses peurs plutôt que de les évacuer. Il rejette aussi son confort bourgeois parce qu’il le voit comme un décor qui peut s’écrouler d’une minute à l’autre. Il préfère se cogner à la réalité du travail d’ouvrier que de rester dans son confort qui ne le rassure pas. Dans une phrase du Journal d’un curé de campagne de Bresson le prêtre dit à une femme: «J’ai peur qu’il se suicide ». La femme lui répond: «Non, il a trop peur de la mort». Le prêtre lui dit à ce moment-là, «Ce sont ces gens-là qui se suicident». C’est bien parce qu’il a peur qu’Enzo se lance dans ce boulot-là, c’est comme une fuite en avant par rapport à son intranquillité. A travers Vlad par la suite la guerre en Ukraine ajoute une couche supplémentaire à son inquiétude face à ce conflit qui nous menace un peu plus directement que les autres guerres jusqu’à maintenant, même plus que l’ex-Yougoslavie. Une peur de conflit mondial est bien réelle. Il est animé par tout ça.
«J’ai des ambitions toutes petites moi», dit Enzo à son père qui ne le comprend pas. La relation entre les deux est assez conflictuelle. Dans Ressources humaines on assiste à un transfert de classe opposé à celui de ce film-ci. Le fils devient cadre dans une usine où son père est ouvrier. Et ici on a un transfuge de classe à l’envers avec Enzo qui voudrait quelque part «descendre» de classe. C’est assez étrange, en regardant sa filmographie de cette manière que le dernier film de Laurent Cantet soit à l’inverse de son premier. Sincèrement, Laurent n’a pas pensé à ça. Cela fait longtemps qu’il réfléchissait pour des raisons liées à sa vie personnelle à cette question du transfuge de classe inversé, mais on a aussi été rattrapé par la réalité. Ressources humaines c’était il y a 26 ans. Entre-temps le monde a changé. C’est vrai qu’aujourd’hui pour les adolescents ce n’est pas si facile de se projeter dans un avenir socialement plus radieux que ses propres parents. Il y a aussi la réalité d’un échec probable de ne jamais atteindre leur statut. Cette peur là ne donne déjà pas envie de se confronter à l’échec. Et le désir émerge chez beaucoup d’adolescents autour de la réflexion sur le travail, de ce que signifie produire. Que veut dire créer des choses? Certains adolescents se lancent dans la cuisine ou veulent arrêter leurs études. La question du sens des études se pose et là on arrive dans un moment que nous n’avions pas imaginé quand on a fait le film parce que la question de l’intelligence artificielle est encore plus présente. On ne sait pas actuellement ce que signifie vouloir faire des études de médecine. Ça va peut-être complètement disparaître, on est face à une révolution peut-être très joyeuse mais très inquiétante sur la question du travail. Le sens du travail est en crise depuis vingt ans. Et donc il y a cet ado qui lui veut construire des murs. Enzo veut fabriquer des maisons parce qu’il en comprend le sens, l’utilité. Le reste lui paraît plus abstrait. C’est compréhensible. Quel est notre lien aux autres dans la société? Que doit-on créer ? que fabrique-t-on ensemble? La bourgeoisie que représente beaucoup le père, fonctionne toujours dans la reproduction. Lui ne comprend pas plusieurs choses dont le fait que son fils blesse son corps. Un des trucs très forts de la bourgeoisie est de préserver son corps. Je suis moi-même bourgeois, je m’inclus, ce n’est pas un jugement. Il faut quand même être honnête. Ca me fascinait quand on parlait avec Laurent du fait que d’un seul coup le père revienne au talent du gamin pour le dessin et que comme dans toute vie, il y a toujours la possibilité artistique. On sent qu’il cherche n’importe quoi, il est prêt à lui payer une école d’art privée pour qu’il se lance là-dedans parce que tout est mieux que de se retrouver sur un chantier. Alors que s’il en discutait il serait comme les autres amis et dirait que ce n’est pas honteux d’être ouvrier, mais ce n’est pas pour autant qu’il a envie que son fils incarne ça. C’est ce qui nous intéressait avec Laurent, plus qu’une hypocrisie, c’est vraiment un rapport au monde à la fois de la bourgeoisie et de ce gamin qui échappe à ce point de vue là malgré lui, ce n’est pas sa volonté.
Et en même temps il se cherche. Il se cherche mais il a vraiment peur de l’échec. Ca joue énormément. C’est devenu tellement dur. Il voit l’exemple de son frère qui n’a pas l’air si heureux. Ce qui nous plaisait aussi à propos du frère avec Laurent, c’est le fait qu’il fasse tout comme on le lui dit. Il suit Parcoursup et n’est pas si aimé pour autant. C’est d’une violence. Quand la mère dit : «Les enfants, on veut qu’ils rentrent dans le rang et quand ils le font, on regrette un peu leur folie». Les parents pensent ça du grand-frère.
Peut-être qu’il leur plaît un peu moins parce qu’il est moins original que son cadet… Et qu’il leur résiste moins. C’est cruel, terrible. Le frère est très attachant dans son manque de naturel. Il danse mal, est mal à l’aise dans son corps. Enzo a une force aussi. On sent qu’il est très solide sur certains points. Il est très droit.
Il est très terrien. Il est très minéral, oui. Il a quelque chose de très posé.

Dans le casting vous choisissez de nouveau de travailler avec des acteurs professionnels et non professionnels. Qu’apportait au film le fait que les parents soient interprétés par des acteurs professionnels célèbres et le jeune Éloy comme les autres rôles du chantier par des non professionnels ? A 16 ans quand vous trouvez un acteur généralement c’est un non professionnel. C’est très difficile de trouver des acteurs professionnels de cet âge. Quand on prend des non professionnels on triche un peu, même pour Vlad. On choisit de bons acteurs qui ont une personnalité. On se disait que ça allait beaucoup jouer entre la maison bourgeoise où ce sont des acteurs professionnels y compris le frère et le chantier où ce sont des acteurs non professionnels. Ça se sent un peu avec les ouvriers du chantier mais avec Vlad pas tellement. Eloy s’est révélé assez fort et assez vite. On s’est beaucoup inspirés de lui. Il est vraiment très secret, un peu énigmatique, très charmant mais assez opaque. On a composé avec sa manière d’être et lui a joué simplement comme il était mais on sent qu’il est vraiment acteur. Elodie (Bouchez ndlr) et Pierfrancesco (Favino ndlr) balancent les phrases dans un rythme d’acteur. Eloy avait une espèce de décalage par rapport à eux, il n’était pas synchro. De temps en temps il mettait trois secondes à répondre, ça produisait quelque chose qui mettait mal à l’aise les autres comédiens. J’adore l’effet que cela créait dans le film et j’ai pas mal utilisé au montage ce désynchronisme qui a à voir avec le déclassement. Il n’est pas dans le même tempo que sa famille. Il est plus sur le tempo du chantier qu’on aimait beaucoup, plus lent, plus écrasé de soleil, plus étrange aussi. On avait discuté de cette impression de temple grec avec Laurent en référence au chantier. Cela crée des décalages, pas tellement sur le côté non professionnel, mais sur le fait qu’Eloy est un peu comme ça, à contretemps.
Vlad est interprété par Maksym Slivinskyi, un acteur non professionnel ukrainien qui travaillait sur des chantiers. C’était important pour vous de travailler avec un acteur ukrainien ? Oui et son copain aussi Miroslav, Vladislav Holyk. Tous deux ont beaucoup inspiré les personnages. Le doigt coupé en photo est vraiment celui de Maxime. Je n’ai rien inventé et le parcours dans l’armée de Miroslav, ce sont ses propres photos, Vladislav était vraiment dans l’armée. Sur le tournage j’ai retravaillé avec eux le fait que par exemple quand le gamin demande à Maxime «T’es venu parce que tu t’es disputé avec ton père ?», Vlad réponde non. «A cause de la guerre ?». « Non je suis venu pour l’argent», avec l’honnêteté de se dire que c’est économique. Vlad ne se sent pas concerné par la guerre, il n’est pas venu pour contre la guerre mais pour survivre. Dès qu’on a fait le premier essai avec les deux acteurs, on leur a demandé de faire une improvisation. Maxime, donc Vlad faisait de l’enduit et expliquait à Eloy comment faire. Maxime fait ça toute la journée. Je n’avais pas expliqué ce qu’il avait à dire. Je voyais Eloy l’écouter, il apprenait des choses. Quand je les ai vu faire ça, j’ai dit « stop on garde ça pour le tournage ». Je demandais juste à Eloy de le regarder par moment avec un peu de désir, d’insister sur le regard sans en faire des tonnes. D’un seul coup ça s’est mis en place et c’était très beau.
Justement vous avez dit que vous n’étiez pas d’accord avec Laurent Cantet sur le fait de définir cet adolescent par rapport au désir ? On était d’accord sur ce qu’il devait faire et dire, cela ne changeait pas le scénario. Dans la scène avec sa petite copine, c’est elle qui lui prend la main et l’embrasse. Une fois qu’elle l’a embrassé Enzo lui dit « Si on allait se baigner? ». Je disais à Laurent qu’Enzo n’était pas complètement dans cette histoire avec cette fille, c’est comme s’il l’évitait. Laurent me répondait «Non, il est totalement dedans mais il est fluide, il désire aussi bien les garçons que les filles, il s’en fout». Ce qui nous intéresse nous, c’est que les gens aient le droit de voir ce qu’ils veulent.
Le spectateur peut interpréter les choses. Nous ne sommes pas là pour définir complètement les choses. Je n’en peux plus de ces films où on nous prend par la main pour nous expliquer quels sont les personnages. Même les membres de votre famille, les gens avec qui on sort, les petites copines, etc. Que sait-on d’eux? La part opaque est énorme. Quand j’ai fait mon film précédent (L’île Rouge ndlr), je m’en veux à mort parce que ma mère est morte en 2015 et je ne lui ai posé aucune question sur sa vie. C’est quand même délirant. On voudrait aller au cinéma et comprendre parfaitement les personnages, mais cela n’existe pas, les gens sont opaques.
C’est ce qui est beau en même temps, C’est ce qui est beau, bien sûr, qu’on soit des étrangers. Je ne tiens pas à casser complètement le mystère des gens. Laurent voulait qu’il y ait beaucoup de lumière sur des choses floues, ambigües, indécidables et que rien ne soit trop tranché, que ce ne soient que des mouvements où les gens se métamorphosent par rapport à leur milieu social, leur peur, leur désir. Que ça n’arrête pas de se chercher.

La dernière fois que nous nous sommes vus, vous aviez dit : « Avec Laurent Cantet, j’ai été scénariste et monteur. J’étais présent à la fin et je m’apercevais des limites de ce que l’on avait imaginé, de ce que l’on avait trop voulu contrôler ». Vous avez assuré la réalisation de ce film-ci, qu’en est-il ? Quand il réalisait on discutait et je disais que tel élément convenait ou pas, etc. Là je me suis permis une totale liberté. D’abord parce qu’on s’était mis d’accord sur le fait que si je faisais le film, je ferais comme je peux. J’irai au bout de ce que je pense puisqu’il ne serait plus là. C’est ce que j’ai fait et j’ai abandonné des éléments du scénario. Dans une scène entre Enzo et sa mère on avait l’impression que le coming out était un enjeu. On n’avait plus envie de ça et Laurent n’aurait plus eu envie de ça non plus. Le coming out n’est pas vraiment un enjeu. Le père cela ne gêne pas, le problème c’est qu’Enzo couche avec un mec majeur, qu’il n’était pas au courant et que ça le met en danger parce qu’il est dépossédé de son fils. Si l’intrigue passe sur le coming out on perd toutes ces dimensions-là alors que ce n’est pas le sujet du film. C’est ce genre de situations où l’on se dit que le film n’est plus là. On n’a plus besoin de souligner. Dans une autre séquence Enzo voit sa petite copine Amina et le soir, les parents parlaient d’Amina avec un jugement social sur elle, mais on n’en a pas besoin parce qu’on a compris qu’Amina elle-même ne se sent pas à sa place dans la maison. Ces éléments donnent l’impression qu’on a mis dans le scénario la note d’intention du film. Et ça circonscrit ce qu’on doit penser des situations des personnages, cela n’a pas d’intérêt. Je me sens libre maintenant quand je fais des films de me dire qu’il n’est pas utile de trop expliquer aux spectateurs. J’ai toujours pensé ça, mais c’est difficile malgré tout. Il faut lâcher à un moment, observer les acteurs et les actrices qu’on a choisis pour être complètement absorbé et obnubilé par eux.
Au moment de mettre en scène. Au moment de mettre en scène on s’aperçoit des choses que l’on force trop. On demande aux acteurs de faire des trucs et on s’aperçoit qu’ils n’arrivent pas à les faire parce que ce n’est pas bien pensé. On se dit alors qu’il faut modifier. Il faut redistribuer les cartes pour que ce ne soit pas trop téléguidé. Ça demande du travail mais c’est l’intérêt de la réalisation.
Vous avez été présent au scénario et à toutes les étapes. C’est au moment de la réalisation que vous avez réellement pris en charge le film? Laurent est mort sept semaines avant le tournage. C’est à ce moment-là que j’ai repris le flambeau. Évidemment c’était dur, mais c’est super de le faire. Avec l’équipe et Marie-Ange Luciani, la productrice, on était malgré tout vraiment très contents d’être là. On est allés au bout.
Ressentiez-vous le fait de terminer le film comme un devoir ? Je ne me posais pas beaucoup de questions, il y avait un élan. Si vous êtes sur une barque et descendez un courant de rivière vous êtes un peu portés. En plus quand on pense à l’alternative qui est de jeter le scénario à la poubelle, de passer un été à penser à la disparition de Laurent, de dire aux comédiens non professionnels qu’il ne tourneraient pas le film… Quand vous imaginez ça, ce n’est pas possible. La logique c’est de continuer. Ca faisait un an et demi à deux ans que je travaillais avec Laurent et peu à peu cette éventualité s’est imposée, parce qu’on pensait vraiment qu’il allait survivre. Ça a été un crève-cœur. Je vais sans doute être rattrapé par l’émotion à un moment ou à un autre. Très tôt je me suis fait médicaliser parce que je me suis dit que ça allait mal tourner. Les psy disent souvent qu’il faut faire une psychanalyse ou une psychothérapie mais avoir une aide psychologique chimique à côté n’est pas gênant. Au contraire, ça aide même à réfléchir. Ça m’a aidé, je pense que je me serais senti abattu par moments sur la question de la fatigue morale. Ca aurait été dur de se dire, qu’est-ce que je fais là ? L’angoisse… Ces produits créent une forme d’insouciance.
Ce film est très solaire, vous filmez beaucoup la matière. Dans le son quand Enzo et Vlad s’assoient contre le mur à l’extérieur du chantier on entend fort les brindilles. Le film est presque tactile. Cela joue sur l’idée de ne pas ajouter trop de sons mais de les sélectionner pour qu’ils marquent le spectateur. Je faisais ça avant sur mes films sauf le précédent. Il n’y a plus de changement d’ambiance entre les plans. C’est droit. Comme s’il y avait un son tenu, presque comme si le film était muet. Je ne fais sortir que des sons qui apparaissent quand les choses apparaissent à l’écran, notamment par exemple quand on arrive sur le chantier au début, on entend juste la bétonnière avant de voir le gamin. Auparavant on ne l’entend pas. Je n’ai pas essayé d’être dans quelque chose de réaliste, cela provoque des changements de matière au son qui font que l’on voit concrètement les matières à l’image. Travailler sur les matières devient de plus en plus une obsession chez moi, comme ce générique sur fond de papier, on dirait aussi de la pierre, du crépi. C’est entre les deux. Entre la question de l’écriture et de la construction. J’ai également ajouté des nuages car je trouvais le ciel trop bleu. Quand on voit le cadre du cerf (dans la villa, ndlr). J’ai fait rajouter des arbres en reflet. Je voulais toujours de la matière pour complexifier l’image. C’était très important pour moi. Pendant l’adolescence comme quand on est enfant on est très sensible à la sensorialité et adolescent on passe de la sensorialité à la sensualité. Enzo met la main sur le torse de Vlad comme s’il mettait la main dans l’herbe.Il y a quelque chose de proche d’un contact avec le réel, avec le décor et avec le paysage que moi j’adorais. Et puis on est à la Ciotat avec la profondeur, les couleurs de l’eau, la roche noire… La mer est quand même hallucinante de beauté. Dans la sélection de sons, quand on arrive à l’atelier où Enzo fait sa formation et qu’ils font du carrelage, j’ai utilisé le même son de carrelage par exemple que dans la scène où ils carrellent avec Vlad autour de la piscine. Les choses se répondent. Il y a beaucoup de vent, de feuillages, de choses comme ça mais qui sont utilisées de manière très simple comme chez Bresson. D’une manière très sélective pour que le spectateur ne soit pas gêné par un ensemble. Des voitures ne passent pas à l’arrière en même temps, non. Ces sons sont sélectionnés pour donner l’impression qu’on sent les choses à fleur de peau.
Projeter Enzo, ce film si particulier en ouverture de la Quinzaine des Cinéastes du 78e festival de Cannes était un bel hommage ? Je trouvais qu’en ouverture c’était sa place. Je suis très content qu’ils nous aient sélectionnés, en plus c’était une manière d’ouvrir le festival avec Laurent. Ca a beaucoup aidé le film, les gens l’ont remarqué. J’étais très content surtout qu’effectivement, pour le coup c’est le travail de deux cinéastes. On a travaillé ensemble, on a produit, le film est une espèce d’anomalie et en même temps ça n’arrive pas si souvent. Ils avaient déjà présenté l’année dernière le film de Sophie filière Ma vie ma gueule. Sophie est morte après le tournage. Elle n’a pas pu faire le montage. D’ailleurs ça avait beaucoup ému Laurent. C’est terrible parce qu’il a vécu à peu près la même chose voire pire, il n’a pas pu aller sur le tournage. C’était une très bonne place mais pas non plus comme un hommage, c’était vivant. J’avais peur d’un truc un peu honorifique.
L’ouverture ne l’est pas. Non c’est au début du festival, ce n’est pas quelque chose de mortifère. C’est quand même plutôt du côté de la vie. C’était super pour tout le monde et les acteurs, justement les non professionnels étaient très contents. En plus c’est moins angoissant pour moi que d’être en compétition c’est quand même plus tranquille. C’est plus soft.
Propos recueillis par Stéphanie Lannoy, 2025.
Photo de couverture Robin Campillo © Gilles Marchand.
Portrait de Laurent Cantet © Duchili.