Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré, une romance d’époque ultramoderne

Réalisatrice de Suzanne et Réparer les vivants, Katell Quillévéré plonge cette fois dans la période post seconde Guerre Mondiale en France et signe un drame romanesque ambitieux sur un scénario co-écrit avec Gilles Taurand. Le Temps d’aimer relate un drame familial bouleversant et constitue une réflexion sur la société de l’époque avec ses incidences aujourd’hui, ainsi que sur la liberté de ses contemporains. (A lire aussi : Entretien avec la cinéaste Katell Quillévéré).

1947. Jeune mère célibataire, Madeleine est serveuse dans un hôtel restaurant Le Beaurivage, dans une région qui respire les embruns, sur la côte bretonne. Sur la plage elle va faire la connaissance de François, un étudiant riche et cultivé. L’attirance entre les deux inconnus est immédiate même si les deux fuient des situations qui les réuniront pour le meilleur ou pour le pire.

Le casting est audacieux avec au générique un couple de comédiens qu’on rêvait secrètement de voir à nouveau réunis , Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste. Tous deux donnent admirablement vie à ces personnages écorchés qui vont se soutenir dans des moments pas toujours faciles. Cesprotagonistes malmenés par la vie s’arrangent avec le réel. Comme Jimmy, Morgan Bailey, GI américain amateur de jazz et de cocktails est de ceux-là, victime du racisme. Les personnages ont tous des failles qu’ils cachent tant bien que mal dans leur existence quotidienne, mais rien n’est éternel et la vérité finit toujours par éclater. On retiendra la singulière et interpellante ouverture du film avec ces images d’archives rares de femmes tondues après la seconde guerre mondiale pour avoir fauté avec l’ennemi qui subissent la justice impitoyable du peuple.

Derrière une mise en scène classique Katell Quillévéré réussit la mise à l’écran d’un roman d’époque d’une modernité folle en suivant l’histoire bouleversante de personnages attachants. Un film sur le couple et ses mystères avec des êtres imparfaits qui pansent leurs malheurs en allant de l’avant. Derrière le jeu de la vérité se mêleront mensonges, secrets honteux que l’on conserve comme on peut. Le seul qui ressurgira pour Madeleine c’est cet enfant, Daniel, qu’il faudra aimer.