
Sur la base de son excellent court métrage Une Sœur nommé aux Oscars en 2020, Delphine Girard réalise un premier long métrage à la fois palpitant et glaçant, Quitter la nuit. Le titre de ce thriller illustre terriblement l’espoir et le destin de ses protagonistes.
Une nuit, une femme en danger appelle la police. Anna prend l’appel. Un homme est arrêté. Les semaines passent, la justice cherche des preuves. Aly, Anna et Dary font face aux échos de cette nuit qu’ils ne parviennent pas à quitter.
La mise en scène de ce film de genre est parfaitement maîtrisée. Le spectateur est d’abord tenu en haleine dans le huis clos sombre d’une voiture avec comme seule échappatoire pour la passagère, Anna, au bout du fil, impressionnante Veerle Baetens, policière qui joue du langage pour maintenir coûte que coûte le lien téléphonique si fragile avec la victime, magistralement interprétée par Selma Alaoui.Quitter la nuit commence comme un thriller puis tourne au film de procès dans un parcours psychologique où la victime se questionnera sur le bien fondé de se battre et conserver cette agression en tête via les lourdeurs administratives et les années précédant un procès. Delphine Girard raconte de la psychologie de la victime et décrit le parcours difficile qui suit une agression sexuelle. Le comportement de l’homme en cause sera aussi sondé, Guillaume Duhesme, puisque la victime n’est ni responsable ni seule dans cette sale histoire.
Quitter la Nuit est touchant par son réalisme. Delphine Girard a la volonté de plonger ses protagonistes dans les détails d’un récit sans prendre de raccourcis, de confronter totalement ses personnages à l’agression et ses conséquences. La sororité des personnages féminins dans ce contexte est bouleversante.