
Après Drive my car (Oscar du Meilleur film international, Prix du scénario à Cannes et Prix Fipresci), Ryusuke Hamaguchi abandonne la pollution des voitures au profit de la forêt profonde dans Evil Does Not Exist / Le Mal N’Existe Pas. La dernière fiction du cinéaste japonais est un Chef d’Oeuvre. Un drame qui transcende l’existence, lauréat du Lion d’Argent et du prix FIPRESCI à la Mostra de Venise. Ryusuke Hamaguchi réalise une fable écologique à la fois tragique et magnifique.
Takumi et sa fille Hana vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo, comme les générations qui les ont précédés. Ils vivent paisiblement entourés d’une profonde forêt au rythme de la nature. Les personnages se fondent dans ce décor avec lequel ils font véritablement corps, s’adaptant à la nature. A l’annonce d’un projet de Glamping près de la maison de Takumi qui risque de contrarier l’approvisionnement en eau des habitants, les riverains s’inquiètent. Ce projet inattendu va définitivement changer la vie de la paisible communauté, de la nature environnante comme de la vie de Takumi.
Hitoshi Omika interprète un père taiseux marqué par la vie qui prend soin d’éduquer sa fille aux hêtres, aux mélèzes, au ginseng épineux ou encore au wasabi sauvage. La jeune Hana, Rya Nishikawa éclaire l’écran de sa présence radieuse de petite fille.
Rarement film a été aussi immersif dans la nature. Ryusuke Hamaguchi plonge ses protagonistes dans la forêt, comme le spectateur. Tout est mis en place dans la mise en scène pour immerger le spectateur dans cette nature profonde. L’univers sonore et visuel permet au spectateur de rentrer dans la forêt par une contre-plongée sur la cime des arbres avec en arrière plan le ciel, sur une musique enveloppante. L’univers sonore du film est magnifié par le superbe score de la prolifique et inspirée compositrice Eiko Ishibashi qui a composé également la musique de Drive my car. Une dimension céleste survole le film, quitte à ne laisser au son que la respiration de la petite fille. Chaque élément narratif est dosé au millimètre pour le plus grand plaisir du spectateur. La puissance sonore et visuelle de la forêt n’est plus à démontrer car le cinéaste lui laisse toute la place. On entendrait presque les arbres respirer…
Dans ce grand film Ryusuke Hamaguchi tisse discrètement des liens avec le divin, le plus grand que l’humain et nous offre une fable écologique poétique et solaire. Il parvient à transcender sur le grand écran le mystère de l’existence, la grandeur inexpliquée de la nature face à la petitesse des hommes.