La nuit se traine de Michiel Blanchart, un thriller vertigineux au coeur de Bruxelles

C’est bercé par l’envoûtante voix de Petula Clark La nuit n’en finit plus, que débute le premier long métrage de Michiel Blanchart. Une séquence groovy vite renversée par la suite du récit. Car La nuit se traine est un vrai film de genre. Un thriller brut et sombre avec un soupçon de violence. Le cinéaste avait réalisé le court-métrage T’es morte Hélène, shortlisté pour l’Oscar du Meilleur court-métrage d’action en 2022. Film d’action audacieux, La nuit se traine assume les courses-poursuites et les cascades dans une capitale belge réinventée façon Gotham City.

Etudiant le jour, Mady, Jonathan Feltre, travaille comme serrurier la nuit. Un soir, alors qu’il se rend chez un client, tout ne se passe pas comme prévu. Le jeune homme va se trouver piéger et vivre une nuit d’enfer sur fond de manifs Black lives matter. Dans une course effrénée il croisera bien malgré lui la route d’un mafieux au sang froid efficace, Yannick, Romain Duris, Théo à la coupe mulet peroxydée, Jonas Bloquet, la charmante Claire, Natacha Krief et Rémy Thomas Mustin (Mustii).

Si au départ le film semble frôler le cliché de justesse (Les nazis et les ripoux flamands…), le scénario se développe peu à peu de manière plus nuancée, tout comme les personnages. L’évolution des protagonistes vient casser cette première impression et le film s’ouvre sur une palette de couleurs plus large, notamment avec le duo Claire-Mady qui vient casser les codes pour plus de subtilité. La transformation physique de l’anti-héros impactera également le récit. Le jeune étudiant sympa changera d’image pour plonger dans cet enfer nocturne. Sans lunettes, vêtu d’un sweat à capuche, le cinéaste jouera sur les codes de représentations et sur l’image de son personnage pour le faire passer de sympathique à soupçonnable, soulignant le parallèle avec les manifestations Black lives matter.

La belle Bruxelles se transforme en Gotham City le temps d’une nuit. La capitale belge est un personnage central du récit. Par la caméra de Michiel Blanchart, biberonné au cinéma américain, Bruxelles devient une ville tentaculaire, fascinante, filmée comme on ne l’a jamais vue au cinéma. Le cinéaste ne s’interdit rien en termes de mise en scène. Drones, mouvements de caméra vertigineux, la ville est filmée de manière inédite, dans ces perspectives et ses lumières, ce qui magnifie ce récit nocturne. Le spectateur est emmené dans ce thriller qui ne laisse aucun temps mort tant son rythmé est effréné. Si le destin de Mady ne manque pas de drame et de violences ses aventures sont malgré tout traitées avec beaucoup d’humour. Ouf.