En Première Ligne, Leonie Benesch en combattante des soins de santé à l’hôpital

Thriller choc de Petra Volpe, En Première Ligne (Heldin) se déroule au sein d’un l’hôpital en crise et alerte sur les dérives d’un secteur en bout de course. La fiction au cinéma convoque de plus en plus fréquemment l’hôpital dans ses récits pour décrire un secteur en crise où l’humain est à la traine. En témoigne le dernier film de Laura Wandel L’Intérêt d’Adam (sortie en salle prévue le 15 octobre) ou la série Hippocrate de Thomas Lilti. Dans toutes ces histoires le thriller prend le pouvoir pour décrire un lieu en déséquilibre, où la menace d’un effondrement général plane. Cette intense fiction ne déroge pas à la règle. Petra Volpe tire l’alarme quant au manque d’effectif du personnel hospitalier à travers le personnage d’une infirmière pleinement dévouée à son métier et à ses patients, entrainée malgré elle dans une dangereuse course infernale. Sélectionné au festival de Berlin, En Première Ligne est le candidat officiel de la Suisse aux Oscars.

Floria est une infirmière d’une trentaine d’années très à l’écoute de ses patients. Elle assure la garde de nuit à l’hôpital dans un service de chirurgie. Déjà exceptionnelle dans La salle des profs, Leonie Benesch crève encore une fois l’écran dans ce rôle fort de combattante médicale. Floria ne se départit pas d’un sourire rayonnant envers les malades, mais combat de plus en plus le temps qui file et le manque d’effectif dans son service, tout en assurant avec précision et rapidité chaque geste médical. Ici chaque vie est unique d’où l’importance des soins donnés à chacun. L’attente est longue car seules deux soignantes gèrent tout le service. La cinéaste raconte aussi les difficultés relationnelles auxquelles font face les infirmières face à l’attente de malades fragilisés souvent laissés seuls dans l’incompréhension, conséquences du chaos qui règne dans l’institution.

Le rythme du récit est haletant et le travail de Floria se transforme peu à peu en une course contre la montre. La cinéaste met tout en place pour que le spectateur épouse le point de vue de son personnage principal qu’elle suit inlassablement. Dès le début elle filme Floria de dos dans ses déplacements et nous engage avec elle. Cela souligne l’urgence du travail de l’infirmière, comme c’est le cas par exemple dans les films des frères Dardenne, avec pour référence notoire Rosetta. La musique d’Emilie Levienaise-Farrouch vient souligner assez subtilement et sans emphase le rythme qui s’accélère. Les seuls moments de répit débordent d’une humanité renversante. C’est le cas dans la séquence où Floria prend le temps d’un chant pour calmer l’anxiété d’une vieille dame qui veut rentrer chez elle. Le lien humain est essentiel. Le rythme du travail est déshumanisant et le challenge consiste pourtant à conserver l’humanité. C‘est ce que tente de démontrer cette fiction à travers la figure presque sacrificielle de Floria.

Ce film choc est aussi politique et témoigne de la réalité d’un hôpital aux abois. Il est un cri d’alerte lancé aux gouvernements face à l’épuisement humain et la pénurie de soignants. En 2030, 30 000 infirmières manqueront à l’appel en Suisse. 36 % d’entre elles arrêtent la profession dans les 4 premières années. En 2030, 13 millions d’infirmières manqueront dans le monde.