
L’ Agent secret (O agente secreto) de Kleber Mendoça Filho, un titre lambda qui cachait pourtant l’un des favoris de la Compétition Officielle du 78ème Festival de Cannes. Un thriller inattendu, coloré, intense, saupoudré d’une touche d’humour et d’un soupçon de sanguinolent avec une nouvelle fois un univers totalitaire au programme.
Le film a décroché le Prix de la Mise en Scène et Wagner Moura le Prix d’interprétation.
1977. Dans un Brésil tourmenté par la dictature militaire, Marcelo, un homme d’une quarantaine d’années fuyant un passé trouble, arrive dans la ville de Recife où il espère construire une nouvelle vie et renouer avec sa famille. C’est sans compter sur les menaces de mort qui rodent et planent au-dessus de sa tête…
Wagner Moura incarne formidablement Marcelo, cet homme mystérieux qui arrête sa coccinelle jaune après trois jours de route pour reprendre de l’essence à une station où un mort gît à terre depuis plusieurs jours. Tous les acteurs incarnent de vraies personnalités. Son beau père, Seu Alexandre, Carlos Francisco, chemise ouverte, est projectionniste de métier dans un cinéma indépendant, ou Dona Sebastiana, Sebastiana de Medeiros, petite dame âgée qui gère l’air de rien une pension de la ville, ou encore Robério Diogenes, commissaire à l’air plutôt sympa qui se fait appeler Docteur Euclides.
L’époque du film, les années 70 est parfaitement reconstituée, comme une matière colorée par tous ses éléments. Le suspense dans lequel nous emmène Kleber Mendoça Filho est total. Le spectateur suit le personnage principal dans ce thriller très humain,qui fourmille de multiples protagonistes habités.
Le cinéaste capte l’ambiance anarchique de cette époque au Brésil pour en dresser une satire, avec des flics ripoux, des industriels qui démantèlent les services publics et un homme au coeur d’une affaire dont il n’est pas forcément coupable. Une situation du pays si éloignée d’aujourd’hui avec un Président qui utiliserait volontiers une tronçonneuse ?