Pour son second long-métrage après Je me suis fait tout petit, Cecilia Rouaud réalise une comédie dramatique sur une réunion de famille provoquée par le décès du patriarche. Ce sera l’occasion de rassembler une fratrie adulte séparée très jeune au moment du divorce de parents alors bien incapables de gérer leur marmaille. Ce rassemblement exceptionnel va poser la question qui fâche : » Que faire de la grand-mère ? » Une mamie aimablement interprétée par Claudette Walker.
Outre des dialogues et un scénario écrits par Cécilia Rouaud réussis, un très beau casting sert ce film choral. Chaque personnage réagit avec son propre affect aux événements. Ces enfants devenus grands portent toujours les séquelles du passé. Gabrielle, Vanessa Paradis, la grande soeur, est la première à refuser l’abandon de la chère mamie dans une maison. Cette jeune femme fantasque qui mime sur les quais de Seine, choisit de partager la responsabilité de la garde au sein de la fratrie, malgré son fils ado surprotégé, Rio Vega. Elsa, Camille Cottin, rongée par une incapacité à enfanter, maladroitement soulignée par son entourage, la suivra dans sa décision. Leur petit frère, Mao (en hommage au dictateur chinois) Pierre Deladonchamps, que l’on apprécie en adulescent mal rasé avec sweat à capuche, travaille dans le milieu du gaming et est moins emballé pour prendre en charge la mémé gentille, mais sénile. Le père de cette joyeuse fratrie, Jean-Pierre Bacri, tente quant à lui de refaire sa vie et le problème ne survient pas vraiment au moment adéquat. Son ex, Chantal Lauby, est une mère psychiatre profondément incapable d’établir une relation saine avec ses enfants.
Passée la drôlerie de certaines situations cette comédie regorge de personnages plus écorchés les uns que les autres, qui vont devoir évoluer. Le sujet se révèle ainsi très touchant avec en toile de fond des thèmes comme la vieillesse, la manière de s’occuper de nos aïeux, et cette incapacité qu’éprouvent les êtres à devenir adultes en trainant les boulets de leur enfance.