Totem, les failles émouvantes de l’existence vues par Lila Avilès

Avec Totem, La cinéaste mexicaine Lila Avilès (La Camarista) réalise un drame intimiste très sensible, au coeur de la vie d’une famille. A travers les yeux de trois générations de cette famille mexicaine, la cinéaste observe la vie trépidante d’une journée dédiée à la célébration d’une fête pour l’anniversaire de Tona, 27 ans, à la fois père, frère et fils de la famille. Le jeune homme est atteint d’un cancer et la vie de ses proches se réorganise autour de lui, notamment auprès de sa petite fille, Sol.

Une caméra nerveuse, mouvante, Lila Avilès capte l’intime de la vie de cette famille dans l’effervescence de ce qui devra être une fête parfaite. Mais voilà, plus la pression monte, plus la nervosité grimpe chez les protagonistes et plus les complications s’accumulent (le gâteau qui brûle). Dans ce chaos la cinéaste montre aussi la solitude de Sol, la solaire Naima Senties, à qui les adultes assènent qu’elle ne doit pas aller déranger son père (Mateo Garcia) qui doit se reposer. Celle du grand-père (Alberto Amador) avec son appareil pour l’aider à parler…. On retrouve également au casting Montserrat Maranon, Marisol Gasé, Teresita Sanchez, Lazua Larios…

Filmés à leur hauteur, les enfants viennent parasiter le rythme des adultes, comme un petit émerveillement dans le récit. Dans sa vie parallèle, Sol observe avec le regard émerveillé de l’enfance des petites choses comme les insectes. Cela constitue une respiration bienvenue dans ce récit filmé en cadrage serré (4/3) comme pour signifier l’enfermement terrible de cette famille dans le drame auquel elle fait face.
Le mysticisme est également présent dans le film avec cette femme blonde qui chasse les esprits au milieu de ce film un peu déjanté mais profondément humain. Le récit est parfois un peu décousu et correspond à l’univers de cette maison en fouilli.

La cinéaste réussit l’expression intime d’une famille dans une situation singulière et dramatique tout en captant l’instant présent, celui de la vie. Elle sonde la manière de faire face de chaque personnage qui n’a aucun choix face au réel. La mise en scène est intéressante, même si parfois le récit est un peu confus à l’image de ce qu’il se passe dans la maison. Un récit qui sonne au final comme un témoignage révélé pudiquement de la cinéaste pour sa fille.