Hors-Saison, Stéphane Brizé s’essaie au mélodrame

Dernier long métrage de Stéphane Brizé, Hors-saison créé la surprise. Exit la lutte des classes, le cinéaste tente un mélodrame romantique dont on perçoit le jeu trouble avec la réalité du cinéaste, le tout interprété par un joli casting.

En pleine crise existentielle, Mathieu star parisienne, Guillaume Canet, se retrouve dans un centre de thalassothérapie breton pour faire un break, Stéphane Brizé prête beaucoup d’humour à la situation de cette célébrité jamais à l’abri du regard des curieux toujours prêts à décocher leur selfie dans ce lieu pourtant intimiste. Quitte à prendre une photo de lui la gueule enfarinée, enroulé dans une serviette mais toujours aimable. Ou encore quand l’homme se retrouve coincé, les jambes empaquetées façon Bonhomme Michelin dans un appareil alors que son GSM sonne au loin. Car le cinéaste use et abuse de ce lieu prétexte à l’humour et aux sketches divers. Il envisage l’établissement de thalassothérapie comme un cocon futuriste mou et aseptisé de blancheur dans lequel l’acteur se repose. Espace furieusement déshumanisé avec sa décoration blanche feutrée, son silence et sa musique d’ascenseur. Stéphane Brizé signe un film assez inégal. La découverte de l’univers de thalasso s’étale dans le temps et on aurait aimé que la rencontre avec Alice arrive un peu plus tôt dans le récit, d’autant que l’humour centré sur le fonctionnement ultra-moderne de la cure de thalasso s’épuise un peu avec la répétition.

La richesse et puissance du récit s’affirment vraiment dans le mélodrame, la relation émouvante entre ces deux amours de jeunesse qui se redécouvrent après de longues années. Alba Rohrwacher est divine face à Guillaume Canet en cette femme et pianiste qui a choisi sa voie face aux aléas de la vie. Le Casting est attachant avec ces protagonistes incarnés par de véritables figures du cinéma. Guillaume Canet acteur, réalisateur dont la notoriété n’est plus à démontrer et Alba Rorwarcher grande actrice italienne dont le visage est peut-être un peu moins connu hors de l’Italie. Le film établit à travers cette relation une sorte de bilan sur la vie et sur un monde du cinéma qui suscite tant l’envie. Sur le courage des uns et des autres, sur les destinées de chacun.

Le cinéaste distille un jeu de va et vient avec le réel dans sa narration. Guillaume Canet est un acteur célèbre, comme son personnage. Mathieu a laissé tomber un metteur en scène à quatre semaines de la première de la pièce de théâtre. Or dans un magazine, il lit un article sur lui-même, photographié avec le metteur en scène en question qui n’est autre que… Stéphane Brizé. Au bout du fil la voix de sa femme, Marie Drucker (co scenariste du film avec le cinéaste) dont on comprend par son discours parasité qu’elle travaille au JT. Un parallèle supplémentaire avec la personne réelle, présentatrice du JT. Le film est troublant par tout ce rapport au réel dont on soupçonne une partie vécue ou proche du réel. Laquelle ? Mystère….