Une affaire de principe de Antoine Raimbault, quand la Commission Européenne dérape…

Une affaire de principe, un titre qui donne le ton d’une comédie réalisée par Antoine Raimbault mais témoigne d’un grand scandale au coeur des institutions européennes. Le film est basé sur des faits réels relatés dans Hold-up à Bruxelles, les lobbies au coeur de l’Europe de José Bové sur un scénario co-écrit par le réalisateur et Marc Syriga.

En 2012 à Bruxelles. Le Commissaire à la santé investi dans la lutte contre le tabac est soudainement limogé dans la plus grande opacité. José Bové et son équipe d’assistants parlementaires vont mener l’enquête et découvrir un complot susceptible de déstabiliser les instances européennes dans leurs plus hautes sphères.

Le ton de ce thriller politique est judicieux. L’aspect sérieux, rigide du lieu et de ses employés est contrebalancé par la joyeuse équipe de syndicalistes de José Bové et son casting hyper attachant. Un trio de choc avec Bouli Lanners réincarné en ce célèbre Député parlementaire d’Europe Ecologie les Verts. Fabrice, Thomas VDB, ingénieur agronome reconverti en assistant parlementaire du premier et Clémence, Céleste Brunnquel, stagiaire éprise de justice qui pourrait bien en perdre ses illusions. On note aussi la présence du convaincant Wim Willaerts en Bart Staes. Alors que Dally, Maurizio MARCHETTI, tente de mettre en place une directive pour stopper l’industrie du tabac il est soupçonné de collusion avec les lobbies.

La réalité du lieu est rendue à l’écran par une mise en avant des perspectives de ces bâtiments immenses avec leurs couloirs infinis. Le cinéaste révèle un espace où le temps s’égraine longuement par les deux personnages qui attendent un entretien avec le Président de la Commission européenne, Barroso. Il retranscrit également la multiplicité des nationalités des personnes qui y travaillent en décrivant un anglais sacrifié aux couleurs des accents issus des différents pays.

Les films qui pénètrent au coeur des institutions européennes pour y traiter de sujets qui fâchent sont rares, même si l’on se souvient du film Adults in the room de Costa Gravas en 2019. Antoine Raimbault signe une fiction d’intérêt général et pénètre dans les zones d’ombres des lieux. Comme le soulignera Fabrice à la jeune stagiaire, « Le problème n’est pas les institutions, mais ceux qui les font ». Le cinéaste lève le voile sur les mésententes entre un Parlement et une Commission européenne toute puissante, sur l’omniprésence des lobbies et sur la nécessité de réactivité des citoyens au sein de ces institutions pour y faire respecter le droit et la démocratie.