Dans NICO 1988, ouverture de la section Orizzonti de la Mostra de Venise, Susanna Nicchiarelli réalise un portrait à la fois émouvant et drôle de la chanteuse Nico, muse de Warhol, blonde filiforme, voix du Velvet Underground et de Lou Reed, qui ensemble ont connu le succès que l’on connait dans les seventies.
Le film retrace les deux dernières années de la vie de la chanteuse, de la rencontre avec son manager Richard (John Gordon Sinclair) et son départ en tournée dans divers pays dont l’apothéose se fera en Tchécoslovaquie lors d’un concert interdit par le parti communiste. C’est par un récit raconté en 4/3 que nous découvrons Nico, blonde devenue brune, 48 ans, qui vit à Manchester parce que « cela lui rappelle Berlin après-Guerre ». Elle déteste qu’on l’appelle Nico et souhaite qu’on l’appelle par son nom Christa Päffgen.
Christa se shoote avec tout ce qu’elle peut et répète un verre d’alcool à la main, clope dans l’autre. La cinéaste montre le rapport à l’art d’une poétesse tourmentée qui ne veut plus que les journalistes s’intéressent à son passé avec le Velvet, mais à elle, la femme d’aujourd’hui, des années quatre-vingt.
Un montage parallèle d’images granuleuses évoque par bribes des moments du passé de l’héroïne qui constitueront une mosaïque et nous permettront de comprendre la complexité de cette femme au plus près, au plus juste jusqu’à remonter à sa petite enfance où elle observe Berlin en flammes avec sa mère.
Trine Dyrholm est absolument hypnotisante en poétesse tourmentée qui a bien du mal à se débarrasser de ce passé qui lui colle tant à la peau, temps perdu où elle se savait belle et utilisée comme image. A travers ce film Susanna Nicchiarelli nous présente l’émouvante femme, rebelle, artiste et mère de famille dans ses rapports complexes avec son fils, cachée derrière l’icône que l’on connait tous.