
Vingt Dieux! Voilà une expression tant usée par les personnages de ce récit que la cinéaste, Louise Courvoisier en a affublé son premier long métrage. Une fiction régionale, un petit bijou cinématographique comme on n’en voit pas tous les jours, avec des protagonistes hauts en couleur à l’accent jurassien et un scénario bien ficelé. Une comédie dramatique pas piquée des vers en plein coeur du jura, Prix Jean Vigo 2024.
A lire aussi : entretien avec Louise Courvoisier.
Vingt Dieux est une pépite jurassienne pittoresque et tendre qui fleure bon le comté, l’amour d’une région et de ses protagonistes. Totone avale une bière debout sur une table lors d’un strip-tease accompagné d’un chant paillard du cru par les villageois. Le jeune bon vivant va être durement rappelé à l’ordre par le destin. A la mort brutale de son père, celui qui aime foncer à toute berzingue en mobylette avec ses potes et écumer les bals du Jura verra des responsabilités écrasantes lui tomber dessus. A 18 ans Totone, Clément Faveau, la gouaille d’un futur Benoit Magimel, devra gérer la ferme de son père et s’occuper de sa jeune sœur. Pas facile car Totone a la colère facile.
Cette réjouissante fiction bénéficie d’un vrai tissu de réel, d’une profonde observation, de la connaissance des lieux et de la production du comté local par la réalisatrice. Le réalisme est aussi insufflé par les comédiens non professionnels du coin comme par les gestes du travail, Marie-Lise, Maïwène Barthelemy, travaille à sa ferme «de 8 à 22 heures et n’a jamais de week-ends». L’ami agriculteur du père de Totonne qui aimerait l’aider ne peut contribuer financièrement.
Louise Courvoisier filme comme personne la réalité de la région mise en scène dans son récit. Les animaux, les vaches font partie du décor et vivent avec les hommes dans une cohabitation qui les considère comme des êtres vivants, une rareté au cinéma. Elle magnifie les paysages ruraux qu’elle chérit et nous offre des protagonistes qui évoluent dans un film splendide d’une tendresse infinie.