Après onze jours intenses passés à découvrir 21 films en Compétition Officielle venus des quatre coins du monde, des moments de cinéma-passion, le jury du 76ème Festival de Cannes présidé par le cinéaste suédois Ruben Östlund a remis son palmarès en demi teinte qui offre une Palme d’or à une réalisatrice pour la troisième fois de l’histoire du festival.
Un film flamboyant sortait du lot : The Zone of Interest de Jonathan Glazer, sur la vie de la famille du commandant d’Auschwitz Rudolf Höss, adaptation du roman de Martin Amis, à la mise en scène fulgurante. Ce chef d’oeuvre décroche le Grand Prix, remis par Tarantino accompagné de l’immense cinéaste Roger Corman. Deux monstres sacrés du cinéma qui auraient pu remettre la Palme d’Or… Attribuée à Justine Triet pour Anatomie d’une chute sur un scénario d’une grande justesse co-écrit avec Arthur Harari et remise par Jane Fonda. L’actrice Sandra Hüller livre une prestation exceptionnelle dans ce thriller et film de procès implacable. Si ce long métrage est à classer en catégorie « haute voltige », il est vrai que le palmarès manque un peu d’audace. Le film le plus original, étonnant et réussi reste sans conteste The Zone of Interest de Jonathan Glazer.
Si le prix de la meilleure interprétation masculine pour l’acteur japonais Koji Yakusho dans Perfects days de Wim Wenders était une évidence, le prix d’interprétation féminine aurait pu, si le règlement du festival le permettait (La Palme d’Or et le prix d’interprétation ne peuvent être offerts au même film), être attribué de la même manière à Sandra Hüller pour ses deux performances exceptionnelles dans The Zone Of Interest et Anatomie d’une chute. C’est la comédienne turque Merve Disdar qui a été récompensée pour son joli rôle certes bien interprété mais plus fugace dans Les herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan.
L’ allemande Sandra Hüller joue dans les deux films lauréats des plus beaux prix, le Grand Prix et la Palme d’Or. On imagine au vu de ce palmarès que le jury a sans doute tenu à diversifier les prix pour les attribuer au plus grand nombre de films. Cela sonne tout de même un peu comme une injustice pour Sandra Hüller à la fulgurance de jeu dans deux rôles brillants et centraux.
La lauréate de la Palme d’Or Justine Triet a fustigé le gouvernement dans un discours qui « a nié le mouvement de contestation de la réforme des retraites » et « défend la marchandisation de la culture et est en train de casser l’exception culturelle française ». Le cinéma est aussi de la politique et tant mieux.
Palmarès du 76ème Festival de Cannes!