Clash de Mohamed Diab, Crise égyptienne vue d’un fourgon de police – En salle le 11 janvier

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Le Caire, été 2013.  Au lendemain de la destitution du président islamiste Morsi, deux ans après la révolution égyptienne, de violentes émeutes ont lieu dans la ville. Des manifestants aux convictions politiques divergentes vont être arrêtés et précipités sans ménagement dans un fourgon de police. Coincés ensemble dans ce véhicule, comment vont-ils parvenir à surmonter leurs différences ?

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Présenté en ouverture du festival de Cannes Catégorie Un certain regard, ce drame politique relate toute la complexité des conflits politiques et religieux de l’Egypte à ce moment précis de son histoire, en été 2013, en un seul lieu, un huis clos. Le cinéaste Mohamed Diab (Les femmes du Bus 678), enferme trois groupes aux convictions politiques très divergentes dans un fourgon de police, dans lequel adultes et adolescents vont être brusquement jetés. Tous sont supposés appartenir aux Frères musulmans, le parti du président Mohamed Morsi fraîchement destitué par l’armée.
Les médias sont représentés par le journaliste americano-egyptien Adam, brillant Hani Adel, qualifié de traitre à la solde de l’Occident et son photographe Zein (Mohamed El Sebaey), les partisans du retour au pouvoir des militaires dont Nagwa (la célèbre actrice égyptienne Nelly Karim), infirmière, avec son époux et leur fils et enfin, un groupe de Frères musulmans. Les personnages sont souvent filmés en gros plan ce qui fait ressortir l’idéologie de chacun, tant la méfiance et le mépris se lisent sur leurs visages.


Au dehors, dans les rues, la ville du Caire est à feu et à sang. Les extérieurs sont vus de l’intérieur du fourgon ce qui rend palpable l’angoisse grandissante des personnages dont on épouse le point de vue. Le film montre l’absurdité des politiques, des croyances de chacun. Les premiers personnages injustement embarqués dans le camion sont journalistes, manifestants, enfants compris, donc tous frères musulmans et coupables selon les policiers qui ne font pas dans le détail, totalement dépassés par les événements. Au chaos s’ajoute le surréalisme total des ordres que doivent respecter les policiers, l’un d’eux sera d’ailleurs enfermé par un autre dans le fourgon en tentant d’en extraire les pauvres enfants. Partout où ira le camion il sera caillassé. A partir de là, on se demande quelle chance ont les personnages de s’en sortir.

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On ne peut que saluer la dimension politique de ce film choc et l’intérêt sociétal qu’il apporte dans son regard sur l’Egypte de l’époque, ainsi que l’extrême courage dont font preuve le réalisateur et les comédiens. Même si le récit est nourri et les rebondissements bien présents, le film aurait sans doute gagné à se dérouler en partie en extérieur car le huis clos est réellement étouffant et on a l’impression d’assister à une lente mise à mort des protagonistes.