Mon Ange est un petit garçon invisible. Un jour, il rencontre la jolie Madeleine, une petite fille aveugle dont il tombe éperdument amoureux… Au fil des ans, leur amour grandit, jusqu’au jour où Madeleine lui annonce une nouvelle qui va bouleverser leur vie : elle va retrouver la vue…
Mon Ange, réalisé par l’acteur, scénariste et réalisateur Harry Cleven constitue un lourd challenge narratif. Coécrit avec Thomas Gunzig le scénario de ce drame use d’un parti pris très fort, celui de faire vivre au spectateur l’histoire de Mon Ange, jeune garçon invisible dont on épousera le point de vue subjectif. On retrouve la patte du producteur Jaco Van Dormael à travers l’univers fantastique et onirique de l’enfance et notamment à travers la voix-off enfantine.
Techniquement, le film est très réussi. L’image hyper esthétisante aux tons chauds est signée Juliette Van Dormael et porte un regard acéré sur les détails. Elle s’accompagne d’un montage son admirable et d’une musique composée par Georges Alexander Van Dam. Tous ces éléments nous plongent dans l’onirisme de la romance fantastique. On apprécie aussi les trouvailles judicieuses que supposent la présence d’un être invisible qui, s’il pose un drap sur sa tête deviendra visible, clin d’œil furtif et drôle au mythe du fantôme.
L’histoire de Mon Ange repose un peu trop sur le développement d’une seule idée, celle d’un être invisible et les surprises que cela suppose, mais pas assez sur le déroulement et la complexité narrative d’un vrai récit. L’histoire est plutôt ténue dans son développement, voire attendue. Une fois que Madeleine part se faire opérer, on se doute un peu de la suite… En plus, le drame pour le jeune garçon empire. L’originalité du film est aussi son piège. Le dispositif en caméra subjective du regard de Mon Ange nous coince dans cette romance entre deux personnages. Même si l’univers fantastique est bien rendu cela rend étouffant cette histoire où l’on se conforte dans la romance sans porte de sortie.
L’histoire repose sur les différentes comédiennes qui jouent Madeleine et qui font face à Mon Ange dans un courageux et continu face caméra. Hannah Boudru joue l’enfant, Maya Dory l’adolescente et Fleur Geffrier la jeune femme. On retiendra la présence électrique de ces comédiennes, surtout Fleur Geffrier dont la peau diaphane et la rousseur complètent les tons chauds du film. Mon Ange, c’est aussi un regard qui se confond avec le nôtre puisque le spectateur regarde par les yeux de ce personnage, mais c’est aussi la présence d’une belle voix-off.
Si Mon Ange est esthétiquement parfait et pourvu d’un univers sonore extrêmement riche, on regrette un scénario bancal qui oublie les rebondissements d’une histoire que l’on attendait aussi originale que son style narratif. On retiendra les prestations des comédiennes qui portent ce récit.
Trailer : https://youtu.be/uxmiD0RvkJA