Le Brio d’Yvan Attal, Super française traverse le périph’ direction la fac de droit : Jordana Versus Auteuil, un duo explosif

3c

Le Brio est une comédie d’Yvan Attal qui rappelle les efforts à faire pour réussir quand on vient d’au-delà du périph’ dans une société française à deux vitesses. En témoignent les longs trajets en RER de la jeune banlieusarde Neïla Salah, Camélia Jordana qui débarque de Créteil à Paris pour devenir avocate.

3C8A9180_RETCette comédie est extrêmement grinçante, car Yvan Attal choisit de jouer sur des clichés de la société actuelle en employant de grosses ficelles scénaristiques. Le cinéaste ne plante pas le décor au hasard, puisque la jeune femme débarque à ASAS, fac de droit parisienne à la triste renommée raciste. Dès le premier jour, un léger retard attirera sur elle les foudres d’un professeur émérite dans les lieux, connu pour ses dérapages, Pierre Mazard. On retrouve Daniel Auteuil, formidablement dédaigneux en prof raciste et manipulateur. Pour « s’excuser », le professeur va préparer Neïla – qu’il appellera même Fatima – au concours d’éloquence. C’est l’occasion de joutes verbales et physiques entre ces deux personnages aux antipodes l’un de l’autre. Camelia Jordana tient tête à Daniel Auteuil et c’est jouissif. Pour réussir le concours il faudrait que chacun mette un peu d’eau dans son vin, ce qui n’est pas gagné vu la personnalité entière de ces deux protagonistes.
_I7A1401
Si l’abondance de clichés est parfois gênante, le film a le mérite de les prendre de front pour les démonter. Pierre Mazard demandera à Neïla de parler avec un stylo dans la bouche et la voyant hésitante, lui lancera « C’est halal ». Les choses sont dites, frontales, Neïla n’a plus qu’à se défendre et répliquer. Revenue à Créteil, son ami lui reprochera de se la jouer « maintenant qu’elle met des talons ». La jeune femme subit une sorte d’écartèlement inexorable entre deux lieux, comme si elle devait endosser deux identités distinctes.
3C8A0581-2
On apprécie cette tentative d’Yvan Attal de confronter deux parties de la société en intégrant la banlieue dans un lieu réservé à une population particulière et privilégiée. Les deux personnages vont devoir dépasser les clichés et ce sera difficile. Pour Neïla la tâche est rude, les efforts seront doubles, voire triples, mais d’où que l’on vienne, dans cette comédie il est possible de s’élever avec ses propres armes, par l’éloquence.