Daily Cannes! Yomeddine, Road movie inattendu et bouleversant entre un lépreux et un enfant, est un petit bijou cinématographique

A la fois conte et parcours initiatique, Yomeddine est une comédie dramatique de l’égyptien Abu Bakr Shawky qui traite la tragédie avec légèreté, humour et intelligence. C’est un film à la fois magnifique et bouleversant, notamment dans le contraste entre l’innocence de ses héros et la découverte d’un monde souvent cruel. Et c’est enfin une épopée profondément humaine. Ce premier long métrage est sélectionné dans la Sélection Officielle du Festival de Cannes et concourt pour la Caméra d’Or.

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Ce road movie improbable à travers l’Egypte réunit un lépreux, un enfant, et un âne. Beshay, lépreux aujourd’hui guéri, magistralement interprété par Rady Gamal, vit depuis l’enfance dans une léproserie au milieu du désert. A la mort de sa femme, il décide de partir à la recherche de ses racines à travers l’Egypte, sur une charrette tirée par son âne portant ses faibles possessions. L’audacieux Obama (« comme le mec de la télé »), Ahmed Abdelhafiz, un jeune orphelin nubien l’accompagnera dans sa quête. Cet incroyable duo de protagonistes particulièrement attachants va vivre des aventures inattendues et découvrir le monde.

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Durant leur épopée ils vont rencontrer des personnages hauts en couleurs, dans le registre du film Freaks de Tod Browning. Ils croiseront ainsi des gens au corps hors normes, comme ce cul-de-jatte qui ne s’en laissera pas conter. Le summum de l’exploration du thème du monstre sera sans doute ce moment où Beshay, malmené par les passagers d’un train hurle : « Je ne suis pas un animal ! » rappelant cette réplique déchirante déjà entendue auparavant dans Elephant Man de David Lynch. Mais le monstre peut aussi être dans ce récit celui qui est monstrueux par ses actes comme cet homme et son fils que Beshay accepte gracieusement d’aider à rentrer chez eux.

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Du scénario écrit par l’auteur lui-même, à la réalisation, ce premier film constitue une vraie réussite. Yomeddine constitue avec intelligence une belle réflexion sur la vie, la différence, et l’acceptation de l’autre, sans être dépourvu d’humour. La quête des deux personnages se rejoint par leur passé qu’ils ne connaissent pas, leur manque de racines, de famille et finalement d’un peu de chaleur et d’humanité.