Daily Cannes! Seule à mon mariage de Marta Bergman, repousser les frontières dans l’espoir d’une vie meilleure

Issue de l’INSAS, Martha Bergman a réalisé plusieurs documentaires, notamment en Roumanie. Et ce qui frappe le plus dans Seule à mon mariage est que cette fiction est très inspirée de réalité. Elle est sélectionnée à l’exigeante sélection de l’association ACID au Festival de Cannes.

Pamela vit avec sa mère Granny et sa fille de deux ans, appelée « la petite » qui n’a même pas de prénom, dans un village Roumain. Les 3 générations vivent dans une cahute exigüe où elles dorment dans le même lit. Forte de caractère, Pamela rêve d’être libre. Malgré ses trois mots de français elle va s’embarquer vers l’inconnu espérant changer son destin et celui de sa fille. Elle part à la recherche d’un homme « propre qui se douche », un « français », dit-elle qu’elle fantasme, idéalisant Paris et tout ce qui s’en suit.

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On sent une base solide dans chaque détail de l’histoire. Ainsi, la description de la vie en Roumanie de Pamela (dont le prénom la prédestinait déjà à des envies d’ailleurs) avec sa mère et sa fille dans un logement spartiate sans eau courante, et ramassant du bois pour se chauffer sent le documentaire à plein nez. La réalisatrice souligne d’ailleurs son passage naturel du documentaire à la fiction.  S’appuyant sur les mêmes jalons, elle reprend le sujet du personnage féminin issu d’un village roumain.  Tout le début du film nous est donné à voir dans de longs plans séquences sans forcément de dialogues, à l’extérieur, avec ces paysages enneigés et aussi dans ces intérieurs confinés. 

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Alina Serban, actrice roumaine interprète l’immature, insolente et spontanée jeune rom à la soif de vivre intarissable. Elle épouse son personnage comme rarement, y compris dans ce demi langage, mélange de roumain et de français qui ne l’empêchera jamais de s’exprimer et d’aller de l’avant. La débrouille, voilà la grande qualité de cette jeune femme. Elle va rencontrer Bruno, Tom Vermeir, un Belge qui va l’accueillir chez lui. L’ambiance restera malsaine tout du long dans cette relation malgré le côté plutôt réservé et respectueux de cet homme. Cette ambiance tranche avec celle, festive, où l’on verra la grand-mère Granny chanter « Seule à mon mariage » avec les musiciens dans des rythmes chaleureux et enjoués. L’exact opposé de ce que va vivre l’héroïne dans sa nouvelle vie, sans sa fille.

On a du mal à prendre en empathie l’héroïne tant elle semble immature et foncer tête baissée vers l’inconnu en abandonnant sa famille et surtout sa petite fille de deux ans. Le film témoigne d’une expérience de vie loin d’être anodine. Il illustre et rend compte de la vie difficile de cette communauté en droit d’espérer un avenir meilleur.