Son deuxième long-métrage après Faut pas lui dire (Magritte du Meilleur Premier film), Adorables confirme l’aisance de Solange Cicurel dans la comédie américaine. La ligne dramaturgique se révèle ici plus forte que dans Faut pas lui dire, en une fiction peut-être plus intime et plus réussie. Une comédie feel good bienvenue pour reprendre le chemin des salles de cinéma déconfinées.
Lila fête ses quatorze ans et entame son adolescence en mode rebelle. Son père, Victor, tente d’éteindre l’incendie qui s’éveille entre mère et fille, mais c’est trop tard. Une guerre impitoyable éclate entre les deux femmes.
Après une première partie un peu hésitante, la comédie trouve son rythme entre une mère psychologue qui tente d’échapper aux schémas psychanalytiques d’éducation et un père, parti du foyer mais… pas vraiment. Les deux ex font face à une ado dans la fleur de l’âge. On apprécie les pointes d’humour de cette comédie aux dialogues acerbes et drôles.
Le casting sert des protagonistes adultes forts. Elsa Zylberstein assume le rôle de la mère cool et psy. Le père Victor « là mais pas là » est campé par le réalisateur Lucien Jean-Baptiste (Il a deja tes yeux, La Premiere Etoile) qui complète bien le duo. La jeune Ioni Matos joue l’ado avec sa fraîcheur et ses contradictions. La réalisatrice retrouve une partie des comédiens de son premier film notamment parmi les soeurs de Emma, interprétées par Stéphanie Crayencour et Tania Garbarski. On note aussi la présence de Hélène Vincent, comédienne populaire au visage parfaitement identifiable pour le spectateur, qui incarne ici la figure tutélaire maternelle. Sans oublier Max Boublil dont le personnage séduisait déjà celui d’Elsa Zylberstein dans l’excellente comédie à sketches Selfie.
Adorables est une comédie plutôt légère dans laquelle Solange Cicurel insuffle un ton très touchant au portrait familial. L’adolescence agit comme le catalyseur du dysfonctionnement familial et permet aux conflits d’éclater. Quel cadeau pour une comédie. La réalisatrice ajoute par touches et en filigranes plusieurs thèmes centraux et primordiaux pour compléter ce postulat de départ. Les sœurs d’ Emma, le rapport à leur mère (la psy l’est devenue à cause de sa mère, dira-t-elle), la difficulté de devenir mère, persuadée de faire mieux que sa propre mère et tomber dans le schéma fatal de la répétition. Emma se trouve aussi face à l’adolescente qu’elle-même a été plus jeune et Victor est un père qui semble lui-même ne l’avoir pas tout à fait terminée. Les personnages qui nous sont présentés sont tous imparfaits et perfectibles. Ils naviguent entre les compromis de la relation familiale, sorte de bourbier amour-haine qui finit toujours par l’amour et tant mieux.