Paloma Sermon-Daï: « Ce choc des classes m’a beaucoup intéressée »

Elle incarne le renouveau du cinéma belge. S’imprègne d’influences multiples qui insufflent une force hors normes dans ses films avec une subtile touche d’émotion et d’humour. On la rencontre dans un quartier singulier de Bruxelles, en extérieur, proche d’un lac qui nous rappelle celui de son superbe Il pleut dans la maison, plus étroit mais tout aussi poétique. Un lac bordé de roseaux à l’orée d’un bois sous un soleil qui réchauffe au doux son des oiseaux du printemps qui s’éveille. Est-ce vraiment une surprise de rencontrer Paloma Sermon-Daï dans ce lieu qu’elle a choisi elle-même pour notre entretien ? Elle qui ancre ses personnages dans une nature éclatante de verdure… belge. Son puissant documentaire Petit Samedi sur la relation entre son frère dépendant et sa propre mère remportait l’année dernière le Magritte du Meilleur documentaire. Elle transmettait cette année la statuette à Sergio Guataquira Sarmiento pour Adieu sauvage,comme un passage de relais pour mieux s’envoler vers la fiction. En mai 2023 elle recevait le Prix French Touch du Jury à La Semaine de la Critique à Cannes pour son premier long métrage de fiction. Il pleut dans la maison récoltait ensuite le Bayard d’Or du Meilleur film au FIFF à Namur et celui de la meilleure interprétation pour ses deux acteurs principaux désarmants, Makenzy et Purdey Lombet. Paloma Sermon-Daï trace sa route.

Stéphanie Lannoy : Qu’est-ce qui vous a amené vers la fiction après votre documentaire, Petit Samedi?
Paloma Sermon-Daï :
J’avais réalisé un documentaire particulièrement intime qui m’avait donné l’impression que je devais vraiment respecter la parole de ma famille. Je me sentais un peu bridée en termes d’expression personnelle. J’avais envie de plus de liberté d’écriture, de pouvoir créer une véritable narration. D’y mettre des morceaux de moi mais en même temps de plus d’inventivité. De partir ailleurs et en même temps de parvenir à raconter à la fois mon adolescence en Wallonie et celle de mon casting, parce qu’une fois que j’ai décidé de travailler avec Makenzy et Purdey je me suis nourrie de cette jeunesse-là, de leur façon de parler de leur univers. On s’est trouvé de nombreux points communs. C’est ce qui a également permis au film de trouver une certaine universalité sur le discours de l’adolescence à la campagne.

Votre documentaire s’intéressait à votre famille. Les acteurs du film Il pleut dans la Maison, Purdey et Makenzy sont vos neveux. De quelle façon la famille nourrit-elle votre cinéma? Quand j’ai commencé à écrire ce film-ci, je ne pensais pas spécialement travailler avec Purdey et Makenzy, mais j’avais fait un court-métrage avec eux à l’école. Petit à petit mon producteur m’a dit « Tu es en train de créer des personnages qui ont l’âge de Makenzy et Purdey, est-ce qu’il se passe quelque chose ? » (rires). Inconsciemment ils sont une inspiration. J’ai décidé de travailler avec eux et je me suis réembarquée dans un truc un peu familial.

Quand on découvre que Makenzy et Purdey sont frères et sœurs, on se dit que l’ancrage à la base du film est très consistant dans le réel. Des éléments proches de vous sont-ils toujours nécessaires pour construire vos films ? J’éprouvais en tous cas la nécessité de le faire en documentaire et en fiction. Mon prochain film aura toujours un terreau personnel même si je m’en éloigne un peu. J’avais encore besoin de raconter des choses qui partent de moi, de la manière et de là où j’ai grandi. Quand j’ai quitté mon village j’avais une certaine colère et pour faire ce film-ci, j’ai l’impression qu’une sorte de pardon s’est opéré. J’étais finalement contente de la façon dont j’avais grandi. J’y voyais une certaine poésie. C’est un travail que j’ai fait là-dessus, de pouvoir me dire que j’avais envie à partir de toutes ces choses dures de créer un film lumineux, avec une certaine poésie et une certaine nostalgie de l’adolescence. L’idée n’était pas de faire un film autobiographique mais d’arriver à raconter un sentiment, une atmosphère et des souvenirs de manière un peu détournée.

La complicité dans le rendu de cette fratrie est très réelle, très touchante. Comment s’est construite cette relation frère-sœur à l’écran? Cela représente un an de travail en amont. Le film était écrit aux trois quarts. C’était une production légère et je n’avais pas l’obligation d’avoir un scénario fini. Je suis formée à l’image, je travaille beaucoup avec la caméra et j’ai pris une année avec Makenzy et Purdey et aussi très souvent avec Donovan. Je les filmais toutes les deux semaines. Je leur donnais des débuts de scène écrites et leur demandais d’improviser la suite. Petit à petit le film s’est écrit de cette manière. Et aussi en filmant les corps, le lac, le tourisme. J’ai vraiment eu besoin de travailler avec la caméra et je crois qu’au fur et à mesure ils se sont aussi pris au jeu. Ils m’ont dit « D’habitude on ne se regarde pas dans les yeux, on ne s’assied pas à table pour se parler, on n’a pas de conversations comme ça ». Dans la vie ils sont beaucoup plus chien-chat que dans le film. Le film provoquait des moments de complicité entre eux qu’ils n’auraient peut-être pas vécu autrement. C’était amusant, ils venaient me voir à nos petits rendez-vous et me disaient : « Ah tiens, aujourd’hui on s’est parlés dans le train comme on ne se parle jamais d’habitude. Tu aurais adoré être là, ça t’aurait plu de nous voir parler comme ça ! » Au fur et à mesure j’ai créé un truc entre eux qui n’était peut-être pas aussi développé au quotidien chez eux.

La première scène où le frère et la soeur ramènent les courses est assez drôle. Y avait-il de votre part une volonté de passer par l’humour pour contrer le côté dramatique du récit ? J’avais envie de casser ce côté qui existe parfois dans le cinéma social où l’on enferme un peu les personnages, « vous vivez une situation dramatique donc vous arrêtez de rire ». Ce sont des jeunes, leur façon d’arriver à survivre à tout ça est aussi de plaisanter entre eux, de vivre des moments de rire, d’amour et de jeunesse, tout simplement. Et pour arriver à ça il y avait énormément d’humour sur le plateau. On rigolait beaucoup entre les prises, aussi pour les déstresser parce qu’il y avait des scènes plus dures. Ils se sont prêtés au jeu et ça transparaît à l’image.

Quelles sont vos influences cinématographiques ? J’ai grandi avec le cinéma américain. A l’école j’ai ouvert mon spectre et me suis nourrie de différents cinémas. J’ai découvert les films de Chantal Akerman, de Bruno Dumont, des Dardenne qui forcément ont une influence sur mon cinéma, mais je dirais que pour ce film-ci j’étais plutôt portée par mes influences américaines. C’est ça qui crée un peu le twist d’un cinéma social peut-être un peu plus différent, plus vif. J’ai pas mal regardé les films de Larry Clark, d’Harmony Korine, de Kelly Reichardt, un cinéma américain qui est aussi social mais qui n’a pas peur d’user de second degré, d’ironie, de plus d’humour et de légèreté. Et qui s’immerge aussi dans cette adolescence un peu transpirante dans sa musique, dans cette légèreté de l’été, de l’alcool et des cigarettes.

On sent également une influence du cinéma belge avec cette nature, le drame etc. On est proche des Dardenne avec une petite ouverture en plus. Ces personnages me l’imposaient parce qu’ils sont comme ça et je me suis beaucoup nourrie de la musique qu’ils écoutent, des réseaux sociaux, de la télé réalité. Parfois la référence pour une scène de dispute dans le film correspond dans leur tête aux Anges de la téléréalité. C’est pas grave, j’aime bien que ces choses-là transparaissent dans le film. Chacun ses références. C’est ce mélange-là qui donne de la fraîcheur au film et qui ne l’enferme pas dans un cinéma social un peu trop verbeux.

Dans Petit Samedi le personnage de mère est hyper fort alors que dans ce film-ci la mère est plus fragile. Souhaitez-vous encore explorer la figure de la mère ? Ce qui a nourri le film en premier c’est la relation de la fratrie et cet amour inconditionnel. L’amour inconditionnel qu’il y a dans Petit Samedi entre la mère et le fils je le retrouve un peu ici entre le frère et la sœur et c’est vrai que j’aime bien mettre ces duos d’amour inconditionnel face à l’abandon. Quand j’ai écrit, la famille a évolué de diverses façons. Il y avait d’autres frères et sœurs, des parents, puis plus du tout. A un moment donné j’ai eu envie de raconter l’absence, aussi pour renforcer ces deux personnages. Pour raconter également leur débrouillardise, cette loyauté qui se crée entre eux et cette force que Purdey a, elle qui a envie de sortir son petit frère de là. La force qu’il y a également dans le personnage de Makenzy qui essaie de maintenir cette maison debout. J’ai essayé de raconter l’absence, le hors-champ et cette mère qui n’est pas là mais qui en même temps plane un peu, revient dans les conversations et fait de petites apparitions.

Les personnages sont inondés dans la nature. C’est une représentation que vous connaissez, que vous aviez envie de mettre à l’écran ? J’allais aux lacs de l’Eau d’Heure quand j’étais ado, c’est un endroit que j’ai vraiment redécouvert adulte. J’ai surtout découvert ce tourisme dont je ne me rendais pas compte qui a vraiment évolué durant les dix dernières années. Un hôtel Best western s’est installé. Il y a un tourisme hollandais et flamand qui vient profiter des sports nautiques. Il s’agit d’une certaine bourgeoisie, d’une « classe moyenne plus » et mélangé à ça il y a le tourisme de proximité. Des gens assez précarisés viennent de la région pour profiter d’une petite journée de tourisme pas cher. Ce mélange-là m’intéressait beaucoup. C’est un lieu où on a eu la chance de tourner pendant la canicule et de trouver cette maison qui est un personnage important. J’avais envie de raconter aussi cette précarité. Une maison mal isolée on en souffre autant l’été que l’hiver. Le tourisme de cette région m’a captivée. Ce choc des classes m’a beaucoup intéressée, c’est quelque chose qu’on ne voit pas tellement dans le cinéma belge.

Ça fait plaisir de voir à l’écran ces décors bien connus du patrimoine belge. J’ai l’impression que l’on connaît mal nos décors. Il existe une variété de paysages en Belgique. J’ai fait beaucoup de projections en France et souvent on me dit « On ne savait pas que vous aviez des étés en Belgique. Déjà on ne savait pas qu’il faisait parfois beau en Belgique et puis surtout on ne savait pas que vous aviez du tourisme ». On connaît la mer du Nord mais personne ne connaît les lacs de l’Eau d’Heure. Ça m’intéressait d’aller un peu dans ce territoire inexploré de ce tourisme qui est assez méconnu.

Comment définiriez-vous le personnage de Purdey ? Purdey est un personnage très fort que l’on enferme. Même moi en l’écrivant je me rendais compte que je l’enfermais un peu. En écrivant toutes les scènes entre elle et Youssef j’étais presque d’accord avec lui. Je me disais que cette jeune fille était en train de faire un mauvais choix. Petit à petit quand le film commençait à se faire et arrivés en montage je me suis dit, « mais en fait le plafond de verre c’est nous qui le créons en définissant ça ». A ce moment-là le meilleur choix, tout ce qui est possible pour elle, c’est de trouver du boulot, de partir de cette maison et c’est ça qu’elle a envie de faire. Avec notre regard d’adulte hors de ce milieu social-là on se dit « Non, Elle devrait faire des études ». Mais peut-être qu’elle en fera dans cinq ans, on n’en sait rien. C’est un personnage très complexe qui est obligé de grandir avant l’heure, d’endosser ce rôle de maman et qui est parfois plus intelligent que ce qu’on ne le pense.

N’est-elle pas en phase de compréhension de la personnalité sa mère finalement ? Elle essaie de le faire comprendre à son petit frère sans complètement briser l’amour qu’il a pour sa mère. C’est ce qui est assez beau chez elle. Elle a envie que son petit frère la suive. Elle voudrait partir ailleurs sans pour autant casser sa mère. Ca vient aussi du regard que j’ai sur ce personnage. Je n’ai pas envie d’avoir un jugement abominable sur cette maman un peu démissionnaire alors qu’on sent qu’elle n’a pas les armes.


Comment définiriez-vous le personnage de Makenzy ? Makenzy c’est pareil, on lui colle une étiquette. Je le vois dans les retours que j’ai après les projections. Il a ce côté petit délinquant qui tourne en rond et ne fait rien de bon, qui s’ennuie et qui du coup va commencer à voler et à essayer de boire du whisky en regardant les filles au bord du lac.

Les spectateurs ne sont-ils pas émus par ce personnage ? Ils sont émus mais certains clichés perdurent. Ce que j’aime beaucoup chez Makenzy c’est la douceur de ce garçon qui a envie de maintenir cette maison debout, qui a envie de la réparer avec ses petits moyens et qui veut rester là pour accueillir sa maman si elle revient. Il y a plein de douceur et de beauté chez lui comme un grand amour pour sa sœur. Quand Makenzy se trouve complètement seul il continue de maintenir le bateau à flot.

Et on sent qu’il va faire face à l’abandon. Une complexité des choses s’intensifie autour de lui. Il est quand même jeune dans sa tête, il a 15 ans, ce n’est pas un adulte. Tout à fait.D’apparence oui, c’est un grand garçon fort et en même temps c’est un petit garçon.

Les clichés semblent parfois atteindre plus les spectateurs que l’émotion. Il y a beaucoup de tendresse mais certains spectateurs sont très admiratifs du parcours de Purdey comme si Makenzy était un boulet qu’il faut tirer, alors que lui aussi a beaucoup de force.

Purdey va avoir 18 ans, tout s’ouvre pour elle alors que Makenzy n’a que 15 ans. Il n’a aucune ouverture sur l’avenir et en plus il aime sa maman. Il est émouvant, troublant. A voir la justesse de son emprisonnement mental de plus en plus fort on se dit que cela ne peut que mener à quelque chose de très colérique. Il est à un âge où il faut passer par la colère pour vivre autre chose ensuite. Ca vient certainement de mon propre parcours. J’ai grandi en m’ennuyant et en développant aussi cette colère due au fait d’avoir l’impression de ne pas avoir accès aux mêmes choses que les autres. Il faut passer par là pour un jour se retourner et se dire « Je me suis ennuyée mais ça m’a permis de me révolter contre l’injustice, de me créer un regard ». Maintenant que j’ai aussi eu accès à autre chose j’essaie que d’autres puissent le faire aussi, c’est un cheminement.

Après être passée à la fiction qu’en retirez-vous par rapport au documentaire ? Une orchestration qui m’a été très agréable, le rapport n’est pas le même. Il y a des inspirations, une écriture de texte, la fiction est beaucoup plus nourrie. Passer par la fiction est une libération artistique. Cela permet de raconter des choses avec des images, on peut aussi le faire en documentaire, mais cela m’a permis de faire un pas en arrière et de pouvoir à la fois raconter des choses qui me concernaient, de me nourrir de la vie de Makenzy et Purdey, de m’inspirer un peu de nous, tout en étant protégés par cette histoire de fiction.

L’émotion est-elle différente selon vous dans la fiction par rapport au documentaire ? La gestion du temps est différente. Dans les dialogues, la gestion de la rythmique de la parole est différente en fiction. Ça se crée au montage mais déjà sur le plateau dans la façon dont on met les choses en scène. Il s’agit d’une chorégraphie dans le mouvement, dans la parole, on gère les temps. C’est vraiment une partition la fiction. Et pouvoir provoquer des émotions de cette manière, c’est joli.

Comment procédiez-vous avec Purdey et Makenzy qui sont des acteurs non professionnels. Y avait-il beaucoup de prises ou le fait de les avoir filmé longtemps en amont permettait-il une construction au montage ? Dans les dialogues on a fait de nombreuses prises parce qu’il leur fallait un moment pour arriver à trouver ces temps, ces silences. Parfois il se précipitaient il fallait qu’on retrouve un peu de rythmique. Il y avait aussi des répétitions. Dans certains moments parfois plus documentaires on faisait une ou deux prises. Je pense à tous ces instants au bord du lac où ils observent les touristes. Quand ils vont nager, que Purdey dérive sur la bouée avec le flamant rose, ce sont tous des moments très vifs très peu découpés qui sont vraiment pris en one shot.

Avez-vous gardé des habitudes prises en documentaire dans votre manière de filmer, comme par exemple la caméra à l’épaule souvent utilisée dans ce genre ? C’est particulier car dans mon documentaire Petit Samedi je filmais tout sur pied. Dans Petit Samedi j’injectais de la fiction dans le documentaire et là je fais l’inverse. Je réalise une fiction dans laquelle je vais parfois injecter des choses plus documentaires, j’aime bien le côté hybride. Cela concerne surtout ma méthode de travail. J’ai besoin de beaucoup de repérages, de m’imprégner des décors. J’ai passé beaucoup de temps au lac à observer ce tourisme et la manière dont Purdey, Makenzy et Donovan l’observaient, ce qu’ils en disaient. Quel était leur regard sur les riches sur le bateau… Leur rapport à leur corps l’été, les corps des autres, la manière dont on en parlait. Je les ai beaucoup observés et écoutés se raconter toutes leurs petites misères de disputes au village, la façon dont ils communiquent entre eux, les musiques qu’ils écoutent, ce qu’ils regardent. Tout cela vient du documentaire. Peu importe mes projets j’ai toujours besoin de me nourrir, c’est aussi une façon de trouver de la légitimité. Une manière d’arriver à mettre les choses en scène quand on sait comment les gens réagissent, quels sont leurs boutons. Purdey je sais ce qui l’émeut, ce qui l’énerve. Makenzy c’est pareil je sais ce que je dois dire pour arriver à faire percuter les choses en lui. Il s’agit de parvenir à trouver une façon de communiquer.

Qu’est-ce que la Semaine de la Critique du festival de Cannes vous apporté ? De la visibilité, des rencontres et ça nous a aidé à trouver un distributeur. C’est une petite sélection, on a l’impression d’être choyés, d’être un peu en famille. Et puis c’était un peu les vacances à la Côte d’Azur de Purdey et Makenzy ! C’était mignon, parce qu’un an après le tournage c’était la première fois que Makenzy prenait l’avion. On l’a vécu dans la naïveté de leur regard et c’était assez chouette. Ils n’étaient pas particulièrement impressionnés. Ils l’étaient par les voitures et les vêtements de marque, par le chic, le glamour, mais ils ne se rendaient pas compte de l’endroit où ils étaient et c’était très bien de le vivre comme ça.

Cette aventure date d’il y a plus d’un an, avez-vous hâte de voir le film sortir en salle ce 10 avril? C’est assez long oui. On a pris le temps de bien travailler pour aller petit à petit à la rencontre de ce public en salle, commencer le bouche-à-oreille. C’est vrai que les choses se sont un peu dilatées dans le temps et je me réjouis de la sortie en salle.

Côté projets envisagez-vous déjà un prochain film en fiction ou documentaire ? J’ai obtenu l’aide à l’écriture donc je commence tout doucement en parler. C’est un film de fiction à propos d’une maman influenceuse sur Instagram. De la même manière je suis très immergée dans ce milieu d’influenceurs. J’avais fait une production légère, j’ai aussi envie d’avoir un peu plus de moyens techniquement pour pouvoir me permettre d’explorer un peu plus.

Que retirez-vous de cette expérience de production légère ? Cela peut vite être un piège. Il ne faut pas essayer de faire rentrer une production traditionnelle dans le budget d’une production légère parce qu’on a pas le choix. À partir du moment où l’on a décidé qu’on faisait le film en production légère j’ai écrit et fait des choix de manière assez radicale où je me suis dit ok, peu de personnages, un casting quasi totalement non professionnel, des décors et une petite équipe. Tout ça parce que je savais que le sujet le permettait. Si j’avais pris un an de plus pour écrire, financer le film autrement et avoir une plus grosse équipe, le film n’aurait pas été le même. Il aurait peut-être été mieux je n’en sais rien, mais ce film-ci nécessitait d’être réalisé dans l’urgence. Purdey et Makenzy m’avaient dit oui et je ne sais pas s’il l’auraient fait un an plus tard. Ils étaient dans le bon âge, dans la bonne énergie. On avait beaucoup répété, il y avait vraiment quelque chose de spontané, une urgence qui nous a tous beaucoup portés.

Propos recueillis par Stéphanie Lannoy, Bruxelles 2024.