Maria de Pablo Larrain, la femme derrière La Callas magnifiée par Angelina Jolie

Après Jackie (2016) et Spencer (2021) où Nathalie Portman et Kristen Stewart incarnaient respectivement l’épouse du Président Kennedy et la Princesse des coeurs Diana Spencer, Pablo Larrain termine sa trilogie avec Maria, portrait unique et très personnel de la célèbre cantatrice, La Callas, interprétée brillamment par Angelina Jolie.

Paris dans les années 70. Maria Callas a connu une carrière et une vie mouvementées. Le cinéaste gratte le vernis de la célébrité pour découvrir la femme dans son intimité. Un portrait de gloires artistiques mais aussi de failles et de doutes.

Dans les deux premiers volets de sa trilogie, le chilien Pablo Larrain signait des portraits assez fascinants de figures féminines, où réalité et imaginaire s’entremêlent, à partir d’un point de vue unique exceptionnel. Pour son biopic sur Maria, la femme derrière La Callas, le cinéaste choisit une actrice Oscarisée, une star comme l’était la cantatrice à l’intimité méconnue et dont la carrière a également contré des zones d’ombre. Avec ces liens avec la célèbre soprano gréco-américaine, Angelina Jolie est un choix judicieux et incarne à merveille la cantatrice. C’est ungrand rôle pour l’actrice américaine car les deux stars se rejoignent dans une incarnation subtile et classieuse. Maria est âgée de cinquante trois ans, a perdu sa voix et la maladie la fait voyager entre réel et souvenir.

On découvre l’intimité de la star chez elle, à Paris pour ce qui seront ses dernières années, entourée d’une « famille » recomposée de deux domestiques italiens attachés à elle, interprétés par de célèbres acteurs dont l’image réelle dépasse le rôle. Bruna, Alba Rohrwacher, la cuisinière et Ferruccio, maître de maison au dos capricieux campé par le grand Pierfrancesco Favino.

Avec des décors et des costumes somptueux, le cinéaste maitrise l’art de filmer les perspectives, et ces balades dans un univers musical de La Callas transcendent le narratif. Noir et blanc, fausses images d’archives granulées, le cinéaste met toute une vie en scène. Il filme le destin de la cantatrice, dévoile sa solitude dans des lieux immenses en la projetant d’espace-temps en espace-temps. La belle chante ainsi dans des lieux vides comme l’opéra qui soudain reprennent vie, en flash-back, remplis d’une audience qui l’acclame. Le scénario aurait pu présenter une dimension supplémentaire et être plus développé car ici l’esthétique domine et prend malheureusement le pas sur le narratif qui fait un peu défaut. Malgré tout cet essai sur Maria Callas est une belle tentative très singulière de la part du cinéaste.

La tristesse domine ce biopic sur la fin d’une étoile du chant occupée par l’interview d’un journaliste imaginaire. Son esprit est à moitié présent et Pablo Larrain nous invite dans le mental de celle qui rêve d’une gloire passée dans la douleur de la perte de sa voix qu’elle tente désespérement de retrouver et pour qui, « Il n’y a pas de vie en dehors de la scène ».