Quatre ans après Un Monde, son premier long métrage, prix FIPRESCI de la Critique internationale, la Belge Laura Wandel présentait L’Intérêt d’Adam en ouverture de la Semaine de la Critique au mois de mai 2025. Après la violence du harcèlement dans une cour d’école Laura Wandel filme cette fois les protagonistes à hauteur d’homme et analyse la responsabilité des adultes face à l’enfance dans un intense huis-clos hospitalier.
Adam, 4 ans est hospitalisé en pédiatrie à la suite d’une décision de justice. Il souffre de malnutrition. L’infirmière en chef autorise sa mère à dépasser les heures de visites prévues. Les choses se compliquent quand la mère refuse de quitter son fils.
Léa Drucker porte ce drame courageusement, en Lucie, infirmière en chef dévouée, surmenée, à l’empathie profonde qui va tout mettre en oeuvre pour aider le jeune Adam et sa mère en panique, Rebecca, Anamaria Vartolomei. Ce drame est filmé à la manière d’un thriller. On retrouve l’influence des frères Dardenne dans la manière qu’a la cinéaste de filmer son personnage principal. Lucie est toujours filmée de dos en plan rapproché par une caméra nerveuse qui la suit à travers les couloirs dans le rythme haletant de son travail au sein d’un hôpital aux abois. La mise en scène enferme complètement Lucie dans le monde du travail, d’ailleurs les seules scènes extérieures sont tournées de nuit, le jour est ailleurs.
La tension qui oppose les deux femmes est palpable. Lucie veut aider cette mère célibataire qui s’y prend mal avec son enfant. Elle semble se projeter dans cette jeune femme qui elle aussi élève un enfant seule et tente de lui éviter le pire. Rebecca quant à elle ne semble pas croire en la médecine et ne comprend pas les enjeux de la guérison de son fils.
Le travail acharné dans le monde de l’hôpital a été déjà filmé plusieurs fois en fiction sous forme de thriller, notamment dans le film et la série Hippocrate de Thomas Lilti. Ici la mise en scène en plan-séquence et travelling frôle l’étouffement du personnage principal, Lucie, qui prend son cachet pour tenir le coup. Le spectateur, lui est scotché à son siège. Ce film d’une puissance indéniable présente des situations extrêmes qui se cumulent de manière un peu trop appuyées.
Laura Wandel interroge les solutions pour le bien-être de l’enfant, dans l’empathie et en dehors des règles institutionnelles. Elle montre avec ses deux personnages féminins la difficulté d’être mère et celle de rester de marbre face aux drames. Il n’existe pas de positionnement juste mais les règles peuvent-elles être brisées pour le meilleur de l’enfant ?
Critique de Un Monde, premier long métrage de Laura Wandel.