Le Deuxième Acte ou le monde à l’envers de Quentin Dupieux en Ouverture du 77ème Festival de Cannes!

Le 77ème Festival de Cannes s’ouvre de manière joyeuse et cinématographique avec Le Deuxième Acte, dernier long métrage de l’enfant terrible du cinéma français Quentin Dupieux (Rubber, Incroyable mais vrai, Yannick). Le cinéaste-musicien-producteur nous prouve que le surréalisme n’est pas mort. Après Daaaaaali, il revient à l’humour corrosif de Au Poste et nous offre une comédie perchée jubilatoire auréolée d’une savante transgression des règles cinématographiques classiques.

Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.

Le casting est constitué par des figures du cinéma français qui permettent au cinéaste de jouer sur la véritable image de chacune d’entre elles. Vincent Lindon campe Guillaume, un acteur mature, fort de ses quarante ans de carrière qui prédit la fin du monde. On connaît le besoin du justice de l’acteur qui choisit souvent des films engagés (La loi du marché, Les Chevaliers blancs…). Dupieux joue de la même manière avec l’image de beau gosse de Louis Garrel. Raphaël Quenard semble plus nature et plus franc que jamais. Florence, Léa Seydoux complète au féminin ce casting fort charismatique.

Cette comédie satirique est aussi une réflexion sur le cinéma. Dupieux s’amuse de nouveau à briser l’espace diégétique du film et inviter le spectateur directement dans le récit comme il le faisait dans Yannick au sein d’un théâtre. Ici regards caméra impliquent directement le spectateur dans le récit qui prend bien vite une tournure hilarante notamment avec le jeu de Stéphane, excellentissime Manuel Guillot lors de l’ouverture de son restaurant. Dupieux inscrit le film dans le film pour la plus grande joie des spectateurs.
Les protagonistes se trouvent prisonniers de tout jugement venant d’au delà de l’écran, de l’extérieur de l’espace diégétique et contraints à éviter tous débordements. Exit les remarques homophobes ou sur les handicapés, de peur de ne plus jamais trouver de travail et d’être « cancelisé ». Petit tacle politique du réalisateur à notre société où la justice déborde sur les réseaux sociaux et les procès populaires sont légion.

Quentin Dupieux a l’intelligence dans cette comédie jubilatoire de rire des défauts de notre société. Son film un chouïa politique est une joyeuse mise en garde qui derrière l’humour questionne la robotisation des individus, la perte de la singularité et de créativité humaine face à l’intelligence artificielle. Déjanté, brillant et hilarant.