Daily Cannes ! Marcello Mio, une fantaisie jubilatoire de Christophe Honoré – Compétition Officielle

Le dernier long métrage de Christophe Honoré, Marcello Mio, est une fantaisie jubilatoire. Marcello Mio mène le spectateur au cœur du cinéma et de ses artifices à travers les vies de stars du cinéma français et italien. La fiction s’amuse du réel au profit d’un imaginaire débridé hyper cinématographique. Le cinéaste signe sa septième collaboration avec Chiara Mastroianni entourée de sa mère, Catherine Deneuve et du fantôme de son père, Marcello Mastroianni, prétexte à un scénario savoureux qui flirte parfois avec le burlesque. Six ans après Plaire, aimer et courir vite, Christophe Honoré retrouve la Compétition Officielle du 77ème Festival de Cannes avec Marcello Mio, en lice pour la Palme d’Or.

Fille de deux monstres sacrés du cinéma, Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni, en pleine crise existentielle, Chiara décide de reprendre la vie de son célèbre père disparu. « Appelez-moi Marcello ! » entonne celle qui tend à disparaitre sous les traits de sa star de père, allant jusqu’à semer le doute parmi ses proches.

La psychanalyse est prétexte à cette comédie bourrée d’humour avec un casting qui ne craint de se jouer de lui-même. Christophe Honoré réunit des proches de Chiara Mastroianni, des acteurs phares du cinéma français et crée une comédie jouissive riche en émotion. Une nouvelle fois il fait chanter ses personnages dans un moment enchanté. Catherine Deneuve assure un rôle de mère poule à l’opposé de l’absence abyssale d’un père regretté. Benjamin Biolay offre à la guitare un superbe moment suspendu d’une balade chantée au clair de lune par Chiara. Amour adolescent de la jeune femme, Melvil Poupaud (qui a fait ses débuts au cinéma avec Chiara) interviendra en tant qu’ami. Fabrice Luchini acteur français à la hauteur du monstre sacré italien lui confiera une profonde admiration. Nicole Garcia interprète une maladroite cinéaste qui espérait tant que Chiara jouerait les essais pour son prochain long métrage, « Plus Marcello que Deneuve ».

Cette fable est un hommage à Marcello Mastroianni mais aussi au Cinéma. Les références cinématographiques à la filmographie du maitre italien sont pléthore (Les nuits blanches de Visconti…). Le cinéaste nous emmène en Italie, à l’heure de la Dolce Vita de Fellini avec la fameuse scène où Anita Ekberg se baigne dans la fontaine de Trevi. A partir de là il embarque le spectateur pour un voyage cinématographique à partir d’un doux rêve d’une fille, Chiara Mastroianni qui laissera son père prendre possession d’elle-même jusqu’à en devenir le fantôme. Même si, comme le lui signifiera un proche «Ce serait plus facile de te déguiser en Catherine ». Le film soulève avec légèreté la question de l’identité et d’un héritage difficile à porter pour les frêles épaules d’une jeune femme qui aurait tant aimé que ses parents se marient dans la vraie vie, plutôt que sur le grand écran et soient des mariés de cinéma.