Film posthume de la cinéaste Solveigh Anspach, L’Effet Aquatique est une vraie perle de comédie

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Photo ©ElsaPalito

Dernier opus de la « Trilogie Fauchée » après Back soon et Queen of Montreuil, L’effet Aquatique est une comédie incroyablement positive et vivante que nous laisse Solveig Anspach. Une parenthèse enchantée malgré sa triste disparition.

Samir Guesmi et Florence Loiret Caille, déjà présents dans Queen of Montreuil, incarnent joliment le couple du film : Samir, la quarantaine, grutier un peu rêveur, craque pour Agathe, maître nageur. Sous le charme, il va tout faire pour se rapprocher de sa belle, même apprendre à nager. Un soir, il reste coincé dans une cabine de la piscine municipale. Agathe elle, s’y est laissée enfermer volontairement (« J’aime bien passer des nuits seule ici. J’ai l’impression d’être dans un aquarium »). Le responsable de la piscine, Reboute (le remarquable Philippe Rebbot, Lulu femme nue), débarque éméché avec deux jeunes femmes dans le même état et leur montre l’endroit crânement. Une des jeunes femmes tombe dans l’eau. Samir plonge pour la sauver. C’est le drame : Agathe sait, elle ne pardonnera pas. Remplaçant au pied levé le responsable mis à pied, elle part pour l’Islande à un congrès représenter la piscine Maurice Thorez de Montreuil. Qu’à cela ne tienne, Samir la rejoindra, s’improvisant participant israëlien au congrès et défendant un incroyable projet « together » adulé par les auditeurs. Tous deux seront accueillis par Anna, conseillère municipale un jour sur deux (Didda Jónsdóttir comédienne récurrente chez la cinéaste), islandaise de caractère au gros bonnet vissé sur la tête, qu’ils ont par chance tous deux connus à Montreuil. Anna leur ouvrira gracieusement sa porte et participera à leurs retrouvailles forcées.

L'EFFET AQUATIQUE
Cours de natation, Samir et Agathe

La mise en scène maîtrisée de Solveig Anspach (issue de la Fémis, César du meilleur premier film et de la meilleure adaptation : Haut les cœurs et Lulu femme nue) sert une comédie drôle, légère, aussi délicate qu’une bulle. Tous les éléments narratifs convergent pour évoquer le thème de l’eau et magnifier les scènes aquatiques. L’image (réalisée par la chef opérateur Isabelle Razavet) est esthétisante : Agathe et Samir sont filmés sous l’eau se regardant pendant la leçon de natation et cela donne l’occasion d’une scène charmante et hors du temps. Eric Boisteau (ingénieur du son) créé un univers sonore particulier induit par l’isolement que suppose la piscine. Dès le générique, les deux personnages sont connectés dans leur isolement par le son : Samir est filmé de dos en plan rapproché en haut de sa grue, écouteurs sur les oreilles, il admire le paysage. On comprend d’emblée que ces deux personnages vont être liés par cette caractéristique commune. Une musique douce, composée par Martin Wheeler, sert le thème de l’eau et de la légèreté et vient accentuer le petit côté magique du film.

La poétisation de l’histoire atteindra son paroxysme en glissant vers le mode du rêve dans les brumes des sources chaudes d’Islande. Magnifique de drôlerie, le film nous fait voyager entre la France et l’Islande, terres chères à la talentueuse cinéaste, née en Islande.