Un matin, à son bureau, Mathieu (Pierre Deladonchamps), 33 ans, reçoit un coup de téléphone d’un inconnu lui annonçant la mort de son père. Il est sous le choc. Il ne connaissait pas son père et maintenant, voilà qu’il apprend son décès. Dans la foulée il découvre aussi qu’il a deux frères. Qu’a cela ne tienne, Mathieu va prendre l’avion pour se rendre aux funérailles de son père au Canada et rencontrer ses frères inconnus. Il sera accueilli très froidement par l’un des meilleurs amis de son père. C’est à lui qu’il tentera de poser ses questions restées en suspens…

Philippe Lioret (Welcome) sait y faire avec les sentiments humains. Le très émouvant Je vais bien, ne t’en fais pas explorait déjà le tabou familial et montrait comment un personnage pouvait dissimuler la réalité d’une situation à ses proches. Kad Merad cachait ainsi la mort de son fils à sa fille, jouée par une Mélanie Laurent devenue anorexique pour l’occasion.
Dans sa dernière comédie dramatique le cinéaste exploite une situation qui pourrait paraître simple et ennuyeuse, un fils part aux funérailles de son père décédé pour s’approcher de sa mémoire, le temps du deuil. Philippe Lioret tisse cependant une histoire solide et inattendue grâce à un scénario savamment ficelé, écrit avec la collaboration de Nathalie Carter (Un secret, Thérèse Desqueyroux de Claude Miller) et librement adapté de Si ce livre pouvait me rapprocher de toi de Jean-Paul Dubois.

D’une histoire à priori banale deux mystères s’imposent très vite au personnage de Mathieu et au spectateur qui sont le contenu du colis reçu (Tu ne spoileras point !) ainsi que l’attitude de l’ami du père décédé qui reçoit Mathieu, Pierre, joué par Gabriel Arcand (Congorama de Philippe Falardeau), qui adopte dès son accueil à l’aéroport une attitude glaciale et à la limite de la convenance avec Mathieu (Pierre Deladonchamps que l’on retrouvera dans L’Eternité de Tran Anh Hung), que la visite ne semble pas ravir. Le film plonge souvent dans une atmosphère lourde et pesante emprunte d’un certain mystère. Les dialogues sont savoureux et parfois drôles : -Mathieu: « Il s’appelle comment le lac ? » -Pierre : « On dit le lac, c’est tout. » -« Il est comme moi de père inconnu », termine le premier.
Personne ne larmoie dans les chaumières, bien au contraire et de ce point de vue le film est très réussi : émouvant sans tirer vers le pathos. Un récit juste ce qu’il faut de raisonnable et de plausible pour faire naître les émotions tout en finesse. Une histoire humaine, solide et bien ficelée, en recherche de sentiments vrais, bref une histoire « à la Philippe Lioret ».