Pupille, un drame émouvant de Jeanne Herry qui raconte l’adoption comme une greffe

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Dans Pupille, Jeanne Herry (Elle L’adore), se penche sur une réalité méconnue et particulièrement émouvante, à travers le parcours d’un bébé pupille de l’état jusqu’à son adoption. On ne dévoile pas le scénario en racontant cela, car il est bien plus précis et étonnant, et surtout très sensible. On regrette toutefois son coté un peu trop didactique. Le film a malgré cet aspect obtenu le Bayard d’or du meilleur scénario au FIFF.

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Théo nait d’un accouchement sous X, sa mère trop jeune n’est pas prête et remet l’enfant à l’adoption. Elle a deux mois pour se rétracter… ou pas. Les services de l’aide à l’enfance et ceux de l’adoption se mettent en branle pour aider le bébé à vivre et à grandir, lui trouver une famille… Une mission délicate où le temps se trouve soudain suspendu face à l’avenir de ce bébé.

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Ce drame fictionnel porte une vraie valeur documentaire. La prise en charge de l’enfant qui deviendra « Pupille de l’état « est présentée comme une mécanique urgente qui s’enclenche, de l’accouchement sous X, à la prise en charge par des agents de l’état. Chaque protagoniste devient un maillon essentiel d’une chaîne humaine. Si l’un d’eux flanchait, toute la chaîne pourrait être remise en question. Dans le cas d’un bébé qui ne s’exprime pas, il s’agit d’observer et de ressentir ce dont il a besoin.

Le touchant Jean, Gilles lelouche, en overdose d’accueil d’ados va prendre en charge le nourrisson pour le plus grand plaisir de sa collègue, la pragmatique Karine, Sandrine Kiberlain, qui mâchonne des bonbons à longueur de journée. Alice, en attente d’adoption depuis dix ans patiente toujours, nerveusement. On retrouve Elodie Bouchez aussi émouvante qu’à ses débuts dans Les Roseaux sauvages de Téchiné. Terriblement touchante, elle est magnifique dans ce rôle, qui lui vaut le Bayard d’or de la meilleure comédienne au FIFF, et promet de la retrouver aux Césars… Le personnage terrien d’Olivia Côte qui gère les demandes et évalue les potentiels accueillants, exprimera très justement que « L’adoption, c’est la rencontre de 3 histoires à digérer », et pas seulement de 3 êtres.

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Ce Film bouleverse. On ne saurait rester insensible à l’abandon puis au destin d’un bébé qui se joue à travers ce moment précis de son existence et grâce à tous ces intervenants. Le suspens est là. Bien qu’un peu didactique (l’assistante sociale tient un discours un peu trop syllabé et explicatif à la jeune maman qui veut abandonner son bébé… ) Pupille est un bel hommage aux professionnels de l’enfance qui vivent leur métier avec responsabilité et passion, des infirmières en maternités jusqu’aux services administratifs comme Irène, (Miou Miou), qui au final décidera du sort de l’enfant.