Conférence de presse de Luc et Jean-Pierre Dardenne – Présentation de La fille inconnue au Festival International du Film de Namur

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– Pourquoi avoir choisi depuis trois films de mettre en scène une actrice confirmée (Cécile de France, Marion Cotillard et maintenant Adèle Haenel) comme premier rôle, alors qu’avant vous mettiez en avant des acteurs inconnus ?

C’est un plaisir de metteur en scène d’essayer quelque chose de nouveau. La question c’est « Comment travaille-t’on avec une comédienne connue ? » ; c’est aussi de savoir quand est-ce que les comédiens peuvent abandonner leurs défenses pour être vraiment là.

Est-ce que cela modifie votre direction d’acteurs de travailler avec des actrices confirmées par rapport aux non professionnelles ?

On répète 4, 5 semaines avant de commencer à tourner avec les comédiens. On prend une petite caméra et le plus d’accessoires possibles. C’est aussi l’occasion d’adapter les accessoires comme les lieux dans lesquels on va tourner. C’est un temps de travail ou chacun, chacune, amène une présence différente. La grande différence c’est peut-être que les gens qui n’ont jamais tourné ont tendance à amener avec eux des gestes, des attitudes de la vie quotidienne qui très souvent parasitent le personnage. Il faut qu’ils les perdent. Quant aux autres, ceux qui ont beaucoup de technique, elle leur sert parfois de paravent derrière lequel ils se cachent. Au final, ce qui compte c’est arriver à ce qu’ils soient là et que la caméra puisse les enregistrer.

Pourquoi choisissez-vous de mettre en scène spécifiquement des héroïnes?

On a pensé à une fille inconnue et à son binôme : une autre femme. On s’est rendus compte que cette fille inconnue se fait malmener et que notre docteur aussi. C’est parce qu’elle est une femme qu’autant de violence s’abat sur elle. Avec un homme il n’y aurait pas eu ce genre de scènes. Ca témoigne de ce qui se passe dans la réalité, chez nous.

-Il semble que vous ayiez retravaillé le montage depuis la présentation à Cannes ?

On n’a pas vraiment retravaillé le montage. On avait une hésitation sur un plan avant de montrer le film à Cannes. On a donc enlevé environ une minute deux jours après notre retour de Cannes. La monteuse nous a alors proposé de faire la même chose à deux autres endroits. On a accepté et on a alors vu le film autrement. Dès lors, on a revu l’entièreté et enlevé en une journée 7min ½, ce qui représente 32 coupes. Il nous a semblé que grâce à cela, on est un peu plus dans la tête de Jenny et moins dans sa fonction de médecin. On ne sait pas pourquoi on n’a pas modifié les choses avant. Il a fallu en passer par Cannes, c’est comme ça. Pour la première fois on n’a pas pris de vacances entre le tournage et le montage. On est restés prisonniers de nos plans séquences.

Une idée du prochain projet ?

On ne sait pas encore. On va partir deux, trois mois pour accompagner notre film dans les différents pays. C’est un bon moment de gestation pour parler du prochain film car pendant ces périodes là on est tous les deux.

Extraits recueillis par Stéphanie Lannoy, Conférence de Presse, FIFF 2016.

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