Un sac de billes de Christian Duguay : Ensemble jusqu’au bout du monde – En salle le 25 janvier

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1941, la France est sous l’occupation allemande.  Jo, 10 ans vit avec sa famille à Paris où chacun doit désormais porter une étoile juive. Son père le convoque avec son frère et leur annonce qu’il va falloir fuir. Les deux parents indiquent à leurs deux plus jeunes fils comment se rendre en zone libre, à Nice, promettant de les y rejoindre. C’est le début d’une aventure pour le jeune Joseph et son frère, une grande randonnée à travers la France au cours de laquelle ils vont devoir braver tous les dangers.

Tournage Un sac de Billes
Tournage Un sac de Billes

Pour réaliser ce drame, Christian Duguay (Planète hurlante, Jappeloup) s’est inspiré du livre de Joseph Joffo, qui relate les aventures autobiographiques de l’auteur lorsqu’il était enfant. C’est la deuxième adaptation au cinéma de cette oeuvre puisque Jacques Doillon s’y est lui aussi attelé en 1975. Et c’est bien l’histoire de ces deux jeunes garçons qui va prendre le pas sur tout le reste dans ce film, tant les faits sont bouleversants. Joseph et Maurice vont être contraints par leurs parents de traverser la France occupée pour ensuite les rejoindre, plus tard… Ce récit émeut d’autant plus que ces événements sont vécus par le prisme du regard d’un enfant qui doit s’enfuir avec son frère, encouragé par un père conscient des risques, admirablement courageux. Celui-ci reproduit l’histoire familiale puisque son père lui avait annoncé sa propre fuite quand lui-même était jeune, en Russie, pour échapper aux pogroms. La violence du monde est d’autant plus frappante vue par des yeux innocents et légers, ceux d’un enfant qui ne pense pas à mal.

Cette famille modèle est sans histoire. Les discrets et courageux parents sont incarnés par Patrick Bruel, Roman le père coiffeur, la mère Anna par Elsa Zylberstein et les deux jeunes frères, les vifs Joseph, Dorian Le Clech et Maurice, Batyste Fleurial. Christian Clavier interprète le docteur Rosen, personnage clé mystérieux et Kev adams, Ferdinand, est également présent dans un rôle plus sérieux qu’à l’accoutumée qu’il assume parfaitement.

Tournage Un sac de Billes
Tournage Un sac de Billes

Le jeune Dorian Le Clech est une révélation et joue une véritable performance dans la suite d’événements qu’il va devoir supporter. Les deux garçons forment une fratrie émouvante en incarnant ces deux frères qui se charrient autant qu’ils s’aiment : En pleine montagne Maurice portera son frère blessé aux pieds par les kilomètres parcourus, en affirmant qu’il le porterait « jusqu’au bout du monde » parce qu’il est son frère, avant de s’arrêter peu après, vaincu par le poids de celui-ci alors que le petit Joseph lui assène « Ah oui, jusqu’au bout du monde ! ». La réalisation classique est parfois un peu maladroite et le montage n’est pas toujours invisible mais on l’oublie tant le récit poignant prend le dessus. Les décors sont remarquables, surtout dans la ville de Nice.

Joseph Joffo a été consultant pour la réalisation de ce Sac de billes et lui-même valide la proximité du film avec son roman. Il précise ainsi que l’important dans son roman était de laisser s’exprimer l’espoir, tout comme le film n’est jamais sombre mais lumineux avec la gouaille de ces deux jeunes enfants qui vont se battre jusqu’au bout. Cette histoire résonne dans le monde d’aujourd’hui et ce film est un beau vecteur de transmission de cette mémoire.