LA LA LAND de Damien Chazelle, Au commencement était Hollywood. Magistral – En salle le 25 janvier

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Mia est serveuse dans un bar des studios de cinéma. Espérant lancer sa carrière de comédienne, elle enchaîne les castings sans grand succès. Sebastian est pianiste. Passionné de jazz, il refuse de voir mourir cette musique. Son rêve est d’ouvrir un club de jazz, mais en attendant, il subsiste en jouant dans des restaurants. Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent. Le destin va réunir ces deux jeunes rêveurs et les confronter aux difficultés de la vie, aux tentations et déceptions du trépidant Hollywood.

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Grand gagnant des Golden globes avec 7 prix remportés et après le très remarqué Whiplash, Damien Chazelle réalise avec La la land une comédie protéiforme magistrale. A la fois romance, drame, comédie musicale,  animation, ce long-métrage déborde de créativité. Film hommage au cinéma hollywoodien, La la land tire les leçons du passé et du rêve américain en les mettant au goût du jour. L’histoire mélange le passé rêvé d’Hollywood avec la réalité d’aujourd’hui, tout en la sublimant. Bref, une vision de Hollywood revue et corrigée, une réussite.

Emma Stone (Mia) et Ryan Gosling (Sebastian) forment un duo de choc et portent véritablement le film, s’élevant à la hauteur des grandes stars de cinéma des années quarante et cinquante tant admirées pour toutes leurs performances. Comédie, danse, claquettes, ils se dévoilent comme de vrais performers dont on ne connaissait pas l’ampleur du talent.

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Le générique débute en 4/3 pour s’élargir au format « Cinémascope ». On pressent déjà un grand spectacle. L’ouverture absolument magistrale ne nous décevra pas. Nous sommes à Los Angeles, sous le soleil, dans les embouteillages. Tout à coup, les gens sortent de leurs véhicules en chantant et interprétant une chorégraphie superbement filmée. Le ton de la comédie musicale est donné, dans un savant dosage, qui évitera le too much. La bande originale du film est fabuleuse et ne vous lâchera pas de si tôt.

Les personnages sont habillés façon fifties mais écoutent de la musique des années 80. On sent la nostalgie du passé qui traîne et notamment celle du grand Hollywood omniprésent. L’histoire oscille toujours entre deux dimensions, celle du rêve de la grandeur artificielle et le réel avec ses difficultés. Mia virevolte en robe sur des talons hauts qu’elle échangera contre des plats en fin de soirée.  Devant un magnifique point de vue sur les hauteurs de Los Angeles, Mia et Sebastian ironisent, crânant qu’ils ont « j’ai déjà vu mieux ». On navigue pendant tout le film entre univers réel, rêve et ancien Hollywood dont bien souvent nous spectateur, connaissons la référence, comme ce point de vue sur la ville filmé dans de nombreux films.

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A travers la romance des deux personnages c’est aussi la question de leur carrière artistique qui ne démarre pas, le fait d’être légitime ou pas à poursuivre ses rêves et les compromis à faire pour y parvenir. Mia veut abandonner les castings et Sebastian la convaincra de persévérer. Comment concrétiser ses rêves ? Sebastian veut ouvrir un club de jazz. Pour gagner l’argent dont il a besoin, il acceptera de partir en tournée avec un groupe dont il n’appréciera ni la musique ni le style. Il pervertira ses choix sous couvert de compromis et ajoutera du synthé, du « funk » à ses musiques, se trahissant lui-même.

La la land est un très beau film qui présente la grandeur du passé en ayant pris en compte les leçons du présent. Ce film allie le spectacle dans sa plus noble dimension et le propos grave de comment se réaliser et survivre dans la société actuelle en étant un artiste c’est-à-dire, par extension tout ce qui participe à la création de ce film… La romance entre les deux personnages achève de nous séduire dans cette oeuvre qui fera date dans l’histoire du cinéma.