La fille de Brest, une femme contre les labos pharmaceutiques : le scandale du mediator – En salle le 5 juillet

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Après Elle s’en va et La tête haute, Emmanuelle Bercot réalise un drame très inspiré de réel puisqu’elle reprend l’histoire du scandale sanitaire du mediator, antidiabétique utilisé comme coupe-faim hautement toxique et responsable de nombreux morts.

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C’est à la demande des productrices de Haut et Court, Caroline Benjo et Carole Scotta que la cinéaste a lu le livre d’Irène Frachon, Mediator 150Mg. Les deux femmes se sont ensuite rencontrées et le choix de l’écrivaine s’est portée sur Emmanuelle Bercot à qui elle a souhaité confier l’adaptation de son livre.

Le film nous permet de découvrir les dessous d’un scandale sanitaire d’état, à travers la lutte de la femme à l’origine de cette affaire, un personnage haut en couleur, énergique et apparemment increvable, inspirée de la vraie Irène Frachon.

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L’histoire relate la découverte par Irène Frachon, pneumologue à l’hôpital de Brest, du lien entre des morts suspectes de patients et un médicament commercialisé depuis 30 ans, le mediator. Un combat digne de David contre Goliath va s’engager, de l’isolement à l’explosion médiatique pour faire reconnaitre cet état de fait par les autorités.

Emmanuelle Bercot réalise un film rythmé, au montage rapide signé Julien Leloup, dans l’urgence que nécessite cette affaire ou le temps est compté. Le style narratif épouse parfaitement le récit. Cette logique suit aussi celle d’un personnage principal dans l’énergie, car la tenace Irène ne lâche jamais, malgré les coups.

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Le film doit beaucoup a son actrice principale, interprétée par la danoise Sidse Babett Knudsen. César 2016 de la Meilleure Actrice dans un second rôle pour L’Hermine, elle aussi très connue pour son rôle de premier ministre dans la série Borgen. Sidse Babett Knudsen est éclatante de naturel en interprétant cette femme bourrée d’énergie qui souhaite en tant que médecin stopper la mort propagée par ce médicament, sauver des vies coûte que coûte, jusqu’ à ce que son corps lui-même en subisse les conséquences.  Elle insiste auprès d’Antoine Le Bihan, Directeur du Centre d’Investigations Cliniques, pour qu’il réalise une étude sur les effets du médicament. Meilleur Acteur dans un second rôle pour La tête haute, Benoît Magimel incarne ce protagoniste plutôt timoré et passif face à la boule de feu qu’est cette femme.

Ce film fait date car il rapporte des faits effrayants. En rendant hommage au combat d’Irène Frachon, la cinéaste met sur la table les faits. Combien d’obstacles lobbyistes et administratifs ont ainsi entravé l’alerte donnée par la pneumologue au sujet des morts provoquées par ce médicament ? A la suite de ce scandale, justice n’a pas été totalement rendue puisque certains se sont sacrifiés. Son coéquipier a dû quitter la France, banni de son travail, assumant injustement le prix du sauvetage de milliers de personnes, de malades. Le ver est dans le fruit.