Dans Mon Garçon, thriller d’une justesse et d’une intensité rare, Christian Carion offre à Guillaume Canet un rôle en or. Il avait déjà collaboré avec l’acteur dans L’affaire Farewell qui lui offrait un personnage intéressant, mais avec Mon Garçon une étape est franchie et le thriller, haletant.

Le pitch : passionné par son travail, Julien voyage beaucoup, raison de l’explosion de son couple quelques temps auparavant. Lors d’une escale en France, il découvre un message de son ex-femme Marie, en pleurs, l’informant que leur fils de sept ans a disparu lors d’un bivouac, alors qu’il campait en en classe verte. Julien va se lancer à la recherche de son fils et rien ne pourra l’arrêter.

C’est un grand rôle pour Guillaume Canet qui interprète Julien, ce père absent, géologue passionné qui a privilégié son travail à sa vie de famille. Personnage complexe et carré, il est comme une bouée de sauvetage pour Marie, Mélanie Laurent, son ex, rendue dépressive par l’absence de son fils. Le troisième protagoniste sera le compagnon de Marie, Grégoire, incarné par le jovial Olivier de Benoist qui rêve d’améliorer leur vie de famille.

Le scénario co-écrit avec Laure Irrmann, déjà co-scénariste d’En mai fais ce qu’il te plait, est finement pensé. A partir d’éléments narratifs simples, les événements vont s’emballer et l’on ne saura plus très bien démêler le faux du vrai. Les réactions des personnages et notamment de Julien, sont très justes et emmènent le spectateur dans une histoire de plus en plus complexe.

Le montage de Loïc Lallemand, très rythmé, favorise le climat haletant du thriller. Un prologue de plans entremêlés montrant des routes sinueuses de forêt, succède au message de Marie sur le répondeur de Julien, annonçant la disparition de leur fils sur un fond noir. On retient ses pleurs : « Je ne sais pas où tu es ». De la même manière, des images fugaces du passé viendront s’insérer dans le temps présent, par petites touches éparses. C’est très réussi et cela donne au film un style narratif propre et singulier.

Le décor occupe lui aussi une épaisseur narrative et participe au climat d’angoisse. La forêt montagneuse est très bien filmée – Image signée Eric Dupont – magnifiée par la contre-plongée. Ces plans filmés par des drones finissent de nous perdre dans l’immensité de ces bois où le jeune garçon a disparu. La musique de Laurent Perez Del Mar sert également le propos du film et nous plonge dès le début dans cette ambiance trouble qui nous maintient dans ce thriller palpitant dont on ne soupçonne pas les ressorts.