La belle et la meute de Kaouther Ben Hania, Longue nuit glaçante tunisienne

Kaouther Ben Hania, Le Challat de Tunis (Bayard d’or de la Meilleure Première œuvre au FIFF), réalise une fiction inspirée d’une histoire vraie relatée dans Coupable d’avoir été violée de Meriem Ben Mohamed et Ava Djamshid. Le film était présenté en Sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes.

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Mariam Al Ferjani – La Belle et la Meute

Mariam, jeune tunisienne de 21 ans organise une soirée dans un bel hôtel près d’une plage avec les filles du foyer où elle vit. Elle va y rencontrer Youssef et le temps d’une cigarette le pire sera arrivé à la jeune femme. Le couple va croiser des ripoux patrouillant dans une voiture qui vont violer Mariam. On ne le verra pas, la cinéaste concentrant son propos sur le fil des conséquences de ce drame. Et c’est le début d’une nuit d’enfer pour la jeune femme et son compagnon, à la recherche d’un certificat de viol afin de pouvoir porter plainte, auprès de cette même police responsable de l’agression. Mariam, jeune femme vive et rieuse va perdre son innocence en une nuit. Youssef va la pousser à réclamer ses droits. Dans une tension constante, le couple va plonger dans un univers kafkaïen, de l’hôpital au commissariat et nous aussi.

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Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli – La Belle et la Meute

A travers le drame que vit Mariam, Kaouther Ben Hania dresse un portrait de la Tunisie post révolution de Jasmin (décembre 2010-janvier 2011) dans toute sa complexité. Les traces laissées par ces événements éclairent la perte de confiance de la population envers la police. Celle-la même ressent cette défiance, mais se défend disant protéger le peuple en constituant le dernier rempart contre les terroristes. Mariam Al Ferjani interprète superbement Mariam avec une palette de jeu incroyable, en passant de la joie innocente à l’état de choc dû aux événements qu’elle va subir. Ghanem Zrelli l’accompagne tel un gardien pour réclamer ses droits, lui rendre justice et dignité.

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Cette adaptation révèle de nombreuses failles de la Tunisie et le désir de liberté que ressent la population. Ces personnes se sont battues lors de la révolution et leur militantisme n’est pas mort. Mariam en sera une porte drapeau.