Jeune Femme de Léonor Serraille, Laetitia Dosch excelle dans la survie en milieu hostile à Paris 

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Ouverture du 32ème FIFF, lauréat de la Caméra d’or au dernier Festival de Cannes, Jeune Femme impose un regard sans concession sur la vie d’une trentenaire. Léonor Serraille signe une mise en scène tranchée – comme le face caméra qui peut être très fort- et une construction du récit par ellipses.

Fraîchement arrivée à Paris, Paula est jetée dehors alors qu’elle vit depuis 10 ans avec un artiste plus âgé qu’elle. Elle va se retrouver seule avec un chat dans Paris. L’histoire raconte son itinéraire pour remonter la pente et se réinsérer socialement, elle, grande gueule sans travail, sans attaches, sans rien, mais ô combien fragile.

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Laetitia Dosch et Le Chat, Jeune Femme

Le film est un portrait générationnel qui ouvre les yeux sur les difficultés de la vie dans la société qui est la nôtre. Paula, Laetitia Dosch est un personnage très particulier car elle absorbe un peu de la personnalité de chaque protagoniste rencontré. Elle ne contredira pas Yuki, Léonie Simaga, lorsque celle-ci la reconnaîtra dans le métro en l’appelant Sarah. Elle se fera passer pour une étudiante au moment de faire du baby-sitting auprès de la mère de la petite Lila, Erika Sainte. Paula ne prend que des mauvais chemins, mais va peu à peu apprendre à intégrer les codes sociétaux. Comme lors de cet entretien d’embauche pour un « bar à Culotte » où elle soit vanter ses meilleurs qualité et défaut.

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Laetitia Dosch et Léonie Simaga, Jeune Femme

Laetitia Dosch réalise une véritable métamorphose dans son jeu. Au début de l’histoire elle est au fond du trou et se claque la tête contre une porte. Dépourvue de maquillage, décoiffée, elle est capable de se transformer en canon de beauté pour un vernissage en robe longue ou en poupée avec son bandeau rose pour travailler à la galerie. A travers ce portrait la cinéaste met à mal l’image clichée et sociétale de la femme pour montrer une vraie héroïne, nue, avec ses forces et ses faiblesses.

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Paula est insérée dans Paris montré comme jamais. Une ville hostile et inhospitalière où la solitude est reine. Paula dira « Il n’y a pas de place pour l’imagination à Paris, il y a trop d’argent ». Entre Cash Converter où Paula tente de revendre ses affaires, Habitat et le bar à culottes de la galerie marchande, la ville est décrite dans son économie. Attirante avec ses lumières factices et très violente pour Paula qui est sans le sou.

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Laetitia Dosch et Souleymane Seye Ndiaye, Jeune Femme

Avec Jeune Femme Léonor Serraille propose une vision nouvelle de la femme et ose casser les codes. Elle créé une héroïne des temps modernes tout en montrant Paris comme autre chose que la ville lumière, plus factice. On attend ses prochaines œuvres avec impatience.

Carte Blanche à Léonor Séraille               Entretien avec la réalisatrice