Petit Paysan dévoile le monde de l’élevage laitier et l’absurdité de politiques inadaptées. Il a été très remarqué à la Semaine de la Critique à Cannes et a remporté récemment le Prix du Jury Junior catégorie 1ère œuvre de fiction au FIFF. Pierre, Swann Arlaud, trentenaire, est éleveur laitier. Il s’occupe tous les jours et sans relâche de sa trentaine de vaches. Célibataire, il est proche de ses parents et de sa sœur, Sara Giraudeau, vétérinaire. Une épidémie se déclare en France et il s’aperçoit que l’une de ses vaches est infectée. Il va tout tenter pour sauver son troupeau.
L’histoire débute par une séquence onirique. Les vaches ont envahi sa maison et Pierre boit son café tentant de se faire un peu de place en les poussant. Si ce film réaliste est parfaitement documenté – Hubert Charuel est issu du milieu paysan – il épousera rapidement le genre du thriller psychologique. Pierre va s’endurcir au fur et à mesure des événements. Swann Arlaud interprète avec brio ce jeune homme aux prises avec la vie de la ferme. Le rythme quotidien se répète indéfiniment. Tous les jours le réveil de Pierre sonne pour qu’il s’occupe de ses animaux. Et il les aime ses vaches. Il les connait bien, elles ont même des noms, comme Topaze.
Le cinéaste nous emmène au cœur de la vie de la ferme comme on l’a rarement vécu. Les gestes du travail sont précis. Pierre demandera conseil auprès de sa sœur Pascale, Sara Giraudeau, vétérinaire. La solitude de Pierre est évidente, malgré la présence familiale, qui ne suffit pas à se créer une vie à soi. Sa mère tentera de lui arranger un rendez-vous sans espoir avec Angélique la Boulangère, India Hair. Un ami de Pierre possède une ferme « à robots ». Les vaches entendent la radio et attirées par le bruit, s’approchent du robot et la traite peut alors commencer. Pierre lui, élève des bêtes sans machine. C’est la relation avec les animaux qu’il privilégie. Il est d’ailleurs plus proche d’eux qu’il ne l’est des humains.
Ce drame va le plonger dans l’angoisse. Il va être happé par les médias qui relatent l’évolution de l’épidémie. Les vidéos YouTube de Jamy, Bouli Lanners, vont particulièrement le marquer. Jamy témoigne au monde de sa situation. On a tué son élevage mais depuis, les indemnités promises ne lui ont toujours pas été versées.
Hubert Charuel dresse un édifiant portrait d’une vie paysanne extrêmement difficile et de la confrontation absurde à des lois qui ne font pas de quartier. Ni pour les troupeaux dans lesquels une vache est malade, ni pour les fermiers. On comprend mieux la situation que vivent les paysans et pourquoi nombre d’entre eux en arrivent à la solution extrême qu’est le suicide. Une fiction nécessaire.
Carte Blanche à Hubert Charuel! Interview complète du réalisateur