Avec Wonder Wheel, Woody Allen nous emmène au milieu d’un parc d’attraction, à Coney Island, dans un savoureux imbroglio romanesque comme il les affectionne. Cette comédie dramatique ne se déroule pas dans les grands milieux bourgeois citadins auxquels le cinéaste nous a longtemps habitués, mais dans ce lieu mythique à l’extrême sud de Brooklyn. Nous sommes dans les fifties et les manèges en bois trônent au milieu de cette fête foraine sédentaire où résident également Humpty, James Belushi, forain de son état et Ginny, sa femme, ex-comédienne désormais serveuse. Ils vivent ainsi au milieu de cet univers de loisir artificiel et bruyant qui n’arrange rien aux migraines de la pauvre Ginny. Kate Winslet est éblouissante en Ginny, cette femme au bord de la crise de nerf sur le point de passer le cap de la quarantaine avec angoisse.

Ce couple sans le sou survit, et tandis que Humpty tente de surmonter son alcoolisme, Richie (Jack Gore) fils d’un premier mariage de Ginny, incorrigible pyromane d’une dizaine d’années, n’arrange rien à l’affaire. C’est dans ce décor aussi dysfonctionnel qu’inattendu que va débarquer Carolina, Juno Temple, jolie blonde, fille de Humpty, qui fuit un mari gangster forcément à ses trousses.

L’histoire nous est contée par Mickey, maître-nageur-étudiant de son état, qui rêve de devenir dramaturge et prévient d’emblée le spectateur avec humour de son penchant pour le mélodrame dans son récit à venir. Physique de jeune premier, mèche plaquée en arrière, le jeune homme est séducteur. Justin Timberlake se fond à merveille dans la personnalité de ce jeune Mickey curieux et très (très) amoureux.
L’intrigue est croustillante, le drame toujours envisagé avec une touche d’humour et c’est très plaisant. Le petit plus du film est aussi son univers visuel absolument charmant. La minutie des décors fifties du Chef décorateur Santo Loquasto, la Lumière très soignée du Chef opérateur Vittorio Storaro, joliment rasante et orangée, ainsi que les costumes de Suzy Benzinger magnifient le récit et le Coney Island des 50.
