Foxtrot de Samuel Maoz, un drame familial captivant au coeur d’un pays en guerre

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En 2009, Samuel Maoz remportait le Lion d’or à la Mostra de Venise pour Lebanon, un long métrage inspiré de son expérience vécue lors de la guerre du Liban. Toujours inspiré des fantômes qui le hantent, Foxtrot, que le réalisateur qualifie de « danse d’un homme avec son sort », se révèle à la fois un drame familial et de guerre. Le scénario complexe écrit par le cinéaste relie à distance les vies d’un père et de son fils, telle une tragédie grecque. La réalisation maitrisée, achève de faire de ce film une œuvre singulière et réussie. Ce long métrage a remporté le Lion d’Argent à la Mostra de Venise.

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L’histoire prend place en Israël, à Tel Aviv, où Dafna et Michael mènent une vie heureuse jusqu’à la visite de l’armée qui leur annonce la mort de leur fils Yonatan. Celui-ci effectuait son service militaire sur un poste frontière en plein désert. Pour les parents, c’est le choc. Une blessure profonde, enfouie depuis longtemps va se réveiller chez Michael.

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Le célèbre acteur israëlien, Lior Ashkenazi, (Prix de l’Académie du Cinéma Israélien du meilleur acteur pour Mariage Tardif de Dover Koshashvili en 2001) interprète le tourmenté Michael Feldman. Sarah Adler est Dafna, (Jellyfish de Etgar Keret and Shira Geffen, Marie-Antoinette de Sofia Coppola). Yonathan Shiray (Une histoire d’amour et de ténèbres De Nathalie Portman) incarne quant à lui le fils pleuré.

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Malgré une situation intense et dramatique, le cinéaste insuffle tel un peintre de petits traits de génie dans une réalisation pleine de fantaisie. Il ajoute parfois des touches de légèreté, amenées de ci de là. Comme cette vision surréaliste d’un chameau qui traverse lentement la frontière gardée par les soldats. Ou encore, le jeune soldat qui danse en couple avec son arme, car le foxtrot est une danse, « Où l’on revient toujours à la même place », dira Michael en faisant la démonstration, métaphore des histoires parallèles du père et de son fils. Samuel Maoz parvient à montrer le vide abyssal de la situation des militaires à travers les étendues désertiques, l’attente sans fin de ces jeunes qui perdent leur temps au checkpoint et la tension qui se dégage lorsqu’un véhicule se présente à la frontière.

Dans Foxtrot Samuel Maoz explore les traumatismes profonds de tout un pays liés à la guerre. Il montre la manière dont la mort peut ainsi faire partie du quotidien, la douleur des parents à qui l’on apprend le décès de leur fils, les victimes de cette guerre qui au checkpoint sont – aussi – des palestiniens. Et les bourdes d’une armée dont les journées vides des soldats n’ont plus de sens, suscitant un stress latent susceptible de provoquer l’irréparable.