Dans Une Intime conviction, Antoine Raimbault s’inspire d’un cas judiciaire qui avait défrayé la chronique dans les années 2000, l’affaire « Viguier ». Il réalise à partir de là un très bon film de procès bien rythmé, avec des acteurs très convaincants. Il crée pour ce faire le personnage clé de Nora qui va dépoussiérer toute cette histoire.

Nora a assisté par le passé au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme. Elle est depuis convaincue de son innocence. Rongée par la culpabilité et redoutant une erreur judiciaire, elle va tout faire pour convaincre un ténor du barreau de le défendre en appel lors d’un second procès. Ensemble ils combattrons l’injustice. Alors que tout accuse l’homme, Nora enquête, obsédée par la vérité.

Le casting est particulièrement réussi. Antoine Raimbault a écrit le scénario en inventant le personnage de Nora, mère célibataire indépendante, Chef dans un restaurant qui fréquente la fille de l’accusé, baby-sitter de son fils. Marina foïs est parfaite dans ce personnage de femme entière, obsédée par la justice pour celui qu’elle considère innocent. Elle va tenter de convaincre maître Dupond-Moretti de défendre l’accusé. Olivier Gourmet, sans lunettes, langage direct, va droit au but. L’acteur assume le rôle de cet avocat charismatique connu des médias. Laurent Lucas, coupable idéal à l’apparence sympathique, victime malade et réservée, est évidemment parfait dans le rôle ambigu de l’accusé.

La grammaire cinématographique est utilisée de manière classique mais judicieuse, notamment dans le montage qui ose des échelles de plans accentuant la dramatisation du récit. Le rythme va s’accélérer au profit de la tension dramatique. On suit ainsi les réactions de l’héroïne par des gros (voire très gros plans) lors des moments cruciaux du procès, nous contraignant à nous caler encore plus dans notre siège. Le film démontre les dérives et la vindicte populaire médiatique, les conséquences de la rumeur qui enfle quand quelqu’un est accusé, même si sa culpabilité n’est pas prouvée. Nora penchera du côté de cet emballement, à moitié obsédée par l’enquête et la recherche du coupable, alors que l’avocat s’attellera à respecter la loi, et à rester juste et objectif. Par un autre aspect le film montre aussi la faiblesse d’une justice où un procureur qui ne s entendrait pas avec un juge pourrait faire dériver un procès… Il englobe également les retombées sur les proches, la famille et la fille de l’accusé de manière très pudique. Un plan, un regard, nous suffisent pour les prendre en empathie.

Une Intime conviction est un très bon film de procès rendu réaliste par l’interprétation des acteurs, par une sobriété dans la mise en scène et de discrets arrangements avec la grammaire cinématographique pour faire monter la tension. On est convaincus.