Werk ohne Autor, Florian Henckel von Donnersmarck réalise une ode à l’art bouleversante 

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Oscarisé en 2007 pour le superbe La vie des Autres (Oscar du Meilleur film en langue étrangère), et après une parenthèse américaine avec The Tourist, Florian Henckel von Donnersmarck revient en Allemagne au temps de la seconde guerre mondiale et réalise une nouvelle épopée inspirée par la vie du peintre Gerhard Richter (Entretien).

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Werk ohne Autor (Never Look Away) raconte la vie d’un jeune artiste, Kurt Barnert, Tom Schilling, qui va grandir sous le nazisme puis sous le gouvernement communiste en Allemagne de l’Est. Il tombera amoureux d’Ellie, Paula Beer. Afin d’échapper au régime communiste et au père tyrannique de la jeune femme, le professeur Carl Seeband, Sebastian Koch, les jeunes gens s’enfuiront à l’ouest.

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Florian Henckel von Donnersmarck manie l’émotion comme rarement et assume le romantisme de l’histoire. Dans ce drame le cinéaste pose un regard tendre sur ses personnages qui évoluent dans des époques troublées. Il retrouve pour l’occasion le charismatique Sebastian Koch déjà présent dans La vie des Autres. Son scénario nous embarque dans une épopée grandiose sur plusieurs années. Si la mise en scène est assez classique, l’image est ponctuée de légers flous en rapport avec l’illusion des choses et rappelle les tableaux avec sfumato de l’artiste. La musique du prolifique compositeur Max Richter (Premier contact de Denis Villeneuve) accompagne superbement le récit et participe au genre. Le cinéaste use de la musique pour insuffler des émotions liées au romantisme sans retenue, au même titre que l’image. L’utilisation de plusieurs langues participe au réalisme du film, comme Carl Seeband qui apprendra le russe en Allemagne de l’est.

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L’évolution du personnage principal artiste peintre est extrêmement intéressante car elle se module en fonction des changements de gouvernements subis par l’Allemagne. Kurt restera marqué enfant par le destin tragique d’Elizabeth, sa tante aimée. La lutte de ce personnage principal avec les éléments externes va se reporter en lui et permettre une introspection qui va le mener à se trouver en tant qu’artiste. Car l’enjeu du film est aussi, au-delà de l’histoire principale, pour le jeune Kurt, de trouver sa démarche artistique personnelle dépourvue de toutes contraintes. Le cinéaste pose des questions existentielles quant à la survie de l’artiste sous différents régimes qui contraignent sa liberté et sa capacité d’adaptation.

Entretien avec le cinéaste