Escapada, un premier long métrage lumineux de Sarah Hirtt

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Issue de l’INSAS à Bruxelles, Sarah Hirtt réalise pour son premier long-métrage un drame familial lumineux. Escapada se révèle un joli film belge positif et plein de fraîcheur, qui prend place entre la Belgique et l’Espagne. En plus de la lourde responsabilité d’une mère malade dont ils doivent s’occuper, au moins mentalement, c’est celle d’un héritage qui va diviser une fratrie déjà désunie.

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Lou, la petite sœur, va monter de force dans le camion de son frère Gustave parti en Espagne signer la vente de la propriété viticole héritée par le trio. L’anarchiste Jules, Yohan Manca, vit dans une communauté et n’a pas donné de ses nouvelles depuis 4 ans. C’est donc sans compter sur ses réactions que la vente aura lieu. Le dévoué Gustave, François Neycken, routier, a repris fidèlement une entreprise familiale vacillante à la suite du décès de son père. Le personnage de Lou, perdue dans des choix incertains entre ses frères et une mère pesante est très ambivalent. La jeune femme va bousculer le schéma familial qui lui imposait le devoir de s’occuper de sa mère, tandis que les hommes s’affairaient au loin. Raphaëlle Corbisier est une vraie révélation et capte la lumière d’une manière rare. Derrière quelques figures familières, comme Sergi Lopez, Maria Leon et Fermi Reixach, Sarah Hirtt a l’audace de choisir des visages peu connus pour incarner cette fratrie, ce qui renforce sa justesse et sa crédibilité. Eux-mêmes sont entourés de comédiens amateurs issus de mouvements réels tels que celui d’Okupa, qui se détache du fonctionnement de la société de consommation en prônant d’autres valeurs. La musique de Skeleton Band sert admirablement le récit.

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Bilingue français-espagnol, Escapada exhale la fraîcheur d’un propos positif où les personnages évolueront doucement et intelligemment en se confrontant aux autres. Derrière la légèreté apparente de cette comédie dramatique, la cinéaste affirme un propos politique. Elle questionne les valeurs sociétales et le sens des habitudes que les personnages ont accumulées au quotidien dans un monde fermé. Placer le propos de cette fiction en Espagne n’est pas un hasard en considérant l’historique économique du pays et certains mouvements politiques qui y ont émergé, avides de justice sociale.