Dirty God de Sacha Polack, renaitre le visage effacé

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Dirty God, un titre qui évoque déjà l’injustice qui va habiter ce récit de Sacha Polack. Quelques ridules filmées en gros plan, un masque, et l’on découvre Jade, à sa sortie de l’hôpital. La jeune femme blonde au visage à moitié brûlé va devoir se reconstruire après avoir subi l’agression de son ex à l’acide.

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Jade devra retrouver le cours de sa vie avec sa mère et sa petite fille qui l’attendent. La reprise sera d’autant plus rude que la jeune femme, adulescente, devra affronter le regard des autres et se confronter à sa propre image.

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C’est dans des lumières de boites de nuit où elle se rend avec son amie, que Jade se reconnectera d’abord avec le réel.
Sacha Polack semble vouloir adoucir le retour au monde de la jeune femme en travaillant l’image et la lumière comme pour flouter un visage difficile à appréhender. L’actrice qui interprète Jade, Vicky Knight, a elle-même subi un incendie criminel à l’âge de huit ans et en porte les séquelles sur son corps. Morten Jacobsen, Chef Maquilleur a tout de même créé une prothèse pour le film et la comédienne est maquillée. Assistante médicale dans la vie, c’est son premier long métrage et elle sort son épingle du jeu.

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L’idée de base du film est intéressante, mais on a du mal à s’attacher à une héroïne qui semble inexorablement courir vers sa chute. Plusieurs sujets se dégagent en plus de la reconstruction du visage, de la difficulté de revivre et de s’accepter après un tel drame et le spectateur se trouve un peu perdu. Comme l’enfant dont on ne sait pas très bien si Jade la rejette parce qu’elle est la fille de l’agresseur ou si l’héroïne est juste trop immature pour s’en occuper. La réalisatrice aurait peut-être dû se concentrer sur un fil narratif plus épuré, en se rapprochant notamment de l’intimité pure de cette jeune femme. L’histoire en aurait été plus profonde et psychologique.