L’Homme de la Cave, un brillant thriller des bas-fonds qui convoque l’Histoire

On s’attendait à un cinéma plus classique de la part de Philippe Le Guay (Alceste à Bicyclette, Les Femmes du 6ème étage…). Avec L’Homme de la Cave le cinéaste s’empare du cinéma de genre et réalise un brillant thriller psychologique. Cette histoire hallucinante est inspirée de faits réels vécus par des connaissances du cinéaste. Le film sera d’autant plus apprécié si la critique n’en dévoile pas trop car le suspense crée réellement la surprise.

L’architecte Simon Sandberg, Jérémie Renier, vit sereinement dans un appartement parisien avec sa femme laborantine, Hélène, Bérénice Bejo et leur fille Justine, Victoria Eber. Le couple décide de vendre la cave de l’immeuble où ils habitent pour financer des travaux. Un homme l’achète et commence à s’y installer. Peu à peu sa présence va bouleverser la vie du couple. Jacques Fonzic, l’acheteur, est interprété par François Cluzet, ici à contre-emploi dans un rôle fort et complexe, car ce protagoniste est extrêmement ambigu. Plutôt doux dans ses convictions, l’homme est un drôle de personnage. L’immeuble, l’appartement et sa cave deviennent des personnages par leur histoire passée et les événements qui s’y sont produits. Les protagonistes vont être soudainement projetés dans un passé qui leur reviendra en pleine face. Hélène se met à lire, tandis que son mari préfère oublier.

Si Le casting se révèle bien sous tous rapports, le synopsis parait au départ léger, limite bancal. On est curieux. Il épouse la complexité du film qui en fait aussi sa grande réussite, reposant sur la l’absence et le refus d’un certain côté lisse. L’ambiance, l’atmosphère ambigüe balade brillamment le spectateur d’un sentiment à l’autre sans que jamais il ne sache bien où on l’emmène. Par une mise en scène nerveuse le cinéaste met en place les procédés du film de genre pour créer le doute et l’angoisse. Ce thriller tient véritablement le spectateur en haleine.

Récit et mise en scène convergent dans une intelligence jouissive. L’histoire appelle la grande Histoire, jaillit dans le présent de notre société et suscite la réflexion bien au-delà de son sujet. On y voit les prémices du complotisme actuel, les comportements des gens comparables à ceux des réseaux sociaux, sauf que, malheureusement ceux-là sont bien réels. Un film à l’utilité publique incontestable.

Photo © Caroline Bottaro