
Alcarras (Nos Soleils) prend place au sein des plantations agricoles d’une famille catalane. Comme elle le faisait dans Eté 1993, Carla Simon raconte l’histoire d’une famille espagnole avec brio, toutes générations confondues, du grand père aux petits enfants et ce avec beaucoup d’attention et de délicatesse pour chacun de ses protagonistes. Elle s’inspire de sa propre expérience et des vergers où elle passait ses étés étant enfant. Ce drame rural lumineux et tragique a remporté l’Ours d’Or au festival de Berlin.
La famille Solé récolte comme tous les étés des pêches dans son verger d’Alcarras. Cette année pourrait être la dernière, car le propriétaire envisage de vendre le terrain que cultive la famille et sur lequel elle vit. Catastrophe annoncée pour cette lignée dont les fondations et les relations vont se fissurer peu à peu.
Carla Simon réalise un film choral, une ode a la famille sous le soleil espagnol, au sein d’un verger qu’elle rend très vivant, à travers les actions de ses personnages qui y travaillent toute leur journée. Les adultes récoltent pendant que les enfants mènent une vie parallèle, disparaissant dans le verger pour y créer des jeux et développer leur imaginaire. Ils y font les 400 coups. Le couperet attendu déteint sur toutes les générations et bouscule la communication entre les uns et les autres. Au casting on retrouve des acteurs non professionnels de la région Jordi Puyol Docet, Xénia Roset, Anna Otin, Albert Bosch, Ainet Jounou, Joseph Abad, Berat Pipo.
La fiction révèle ici pleinement la vérité de la vie et pose de grandes questions philosophiques et sociétales. Le combat de cette famille rejoint celui des manifestations d’agriculteurs pour exiger des prix justes contre ceux de plus en plus bas réclamés par les distributeurs. Carla Simon nous montre la vie durant toute la durée du film au travers de ces vergers cultivés et récoltés par des humains. Or il s’agit ici de modifier le terrain, l’objectif d’utilisation de cette terre nourricière qui apporte tous les étés ses fruits, au profit d’un projet écologiste de panneaux solaires. La cinéaste pose la question de ce qu’il advient de la nature et des hommes pour une écologie militante à tout prix. Un questionnement contemporain, juste et essentiel avec ses conséquences sur ceux qui nourrissent le monde et plus largement, sur nous humains.
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