The Quiet Girl de Colm Bairéad, un premier film irlandais éblouissant

Si les films irlandais se font assez rares, en langue irlandaise d’autant plus, on commence à découvrir une vague de cinéma irlandais dans nos salles, comme le superbe The banshees of Inisherin. Ces oeuvres sont extrêmement qualitatives. Premier long métrage de Colm Bairéad The Quiet Girl est une superbe adaptation de la nouvelle Foster de Claire Keegan, également du cru. Il évoque le destin d’une petite fille de neuf ans dans l’Irlande du début des années 1980, le temps d’un été. Colm Bairéad signe un éblouissant drame intime tout en retenue, pudeur et beauté. The Quiet Girl était nommé aux 95èmes Oscars en catégorie meilleur long métrage international en langue étrangère. A lire aussi: Entretien avec Colm Bairead.

Irlande 1981. Une jeune fille pauvre est envoyée par sa famille auprès de parents éloignés qui constitueront sa famille d’accueil le temps d’un été. Cait va petit à petit s’épanouir dans cette maison ouverte et accueillante où, par delà les apparences, elle découvrira un secret. A cette époque, le droit des enfants est minime. Baladée comme une poupée a qui l’on ne demande pas son avis, la petite fille est constamment dans l’observation et l’écoute. Dans cette nouvelle maison avec ces étrangers, sans ses repères, elle va avoir un seul choix : grandir.

Ce récit intime et naturaliste est magistralement mis en scène. Catherine Clinch est exceptionnelle en Cait, cette jeune enfant qui subit les traumatismes dans le mutisme. Carrie Crowley (Eibhlin) prendra soin de la petite fille en mère de substitution cajolante et lui ouvrira des horizons inespérés, accompagnée de Sean, Andrew Bennett, père lui aussi pour l’été.

Au delà de la superbe poétique, le film adopte le point de vue de l’enfant, la caméra ne la quitte pas et épouse son regard sur les arbres qui fuient pendant ce long trajet en voiture vers sa nouvelle maison. C’est divinement onirique et furieusement beau. On se prend à aimer la simplicité du récit tout en plan séquence avec une image sublime et des personnages sensibles dont les failles sous-jacentes craquellent.

Colm Bairéad n’a pas son pareil pour capter les sensations de l’enfance. Celles de la jeune Cait nous sautent aux yeux et aux oreilles et parlent à l’enfant qu’a été un jour chaque spectateur. C’est divin.

Sortie dans les salles belges le 10 mai 2023.