Magda (Penelope Cruz), institutrice, vient de perdre son travail dans une société espagnole en crise. Son mari, professeur de philosophie, la quitte. Mère d’un jeune Danni (Teo Planell) de 10 ans, elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. En s’occupant de son fils qui veut devenir footballeur elle rencontre Arturo (Luis Tosar) qu’elle décidera d’aider à surmonter ses difficultés personnelles, malgré ses propres problèmes. Elle fera face avec courage et décidera de profiter de la vie.
Le portrait de MA MA a été inspiré à Julio Medem par une sculpture en bronze lors d’une visite de musée à Düsseldorf. Le cinéaste a été marqué par une représentation de femme tordue dont on ne pouvait percevoir si elle accouchait ou si elle mourrait. Une performance réussie de Penelope Cruz (Golden Globe de la meilleure actrice pour Volver de Pedro Almodovar) qui incarne parfaitement Magda dans sa lutte contre la maladie et qui porte le film. La comédienne assume ici un très beau rôle d’héroïne courageuse et positive. La transformation de son corps est particulièrement difficile et crue : Magda va perdre ses cheveux suite à la chimiothérapie et le corps mutilé est filmé sans chichis, on voit la cicatrice à l’emplacement du sein manquant. Le regard du cinéaste n’est jamais voyeur mais pur, jusqu’à rendre belles des choses à priori difficiles à voir.
Le film se distingue par une mise en scène assez recherchée. Le récit montre plusieurs temporalités parallèles : des actions présentes et futures sont montrées simultanément. Pour contrer la vitalité et l’énergie de Magda le cinéaste met en place un univers basé sur le froid, symbolisé entre autres par la couleur blanche. Il accentue ainsi la distance entre un monde aseptisé auquel devra faire face son chaleureux personnage féminin.
Le film est ainsi dominé par le blanc dès le début (qui représente le froid), donnant lieu à des séquences oniriques : Une petite fille blonde ouvre le film puis disparait dans le blanc de la neige. On retrouvera sa photo sur le bureau du gynécologue Julian (Asier Etxeandia) : c’est sa future fille adoptive qui l’attend dans un orphelinat en Sibérie. L’histoire de cette petite fille c’est aussi celle que Magda raconte à Danni pour l’endormir. Elle pense toujours à cette petite fille blonde. On navigue ainsi par aller-retours entre imagination, rêve et réalité. Le blanc (le froid) c’est aussi celui des blouses médicales, des décors impersonnels et froids de l’hôpital… Même les tee-shirts de l’équipe de foot de Danni sont blancs.
Tout le mécanisme de la maladie, de l’hôpital est très bien disséqué, à froid. On sent un oeil expert dans la mise en scène et les diplômes de médecine et de chirurgie générale du cinéaste n’y sont sans doute pas pour rien. Le personnage de Julian, gynécologue de Magda est au contraire montré comme quelqu’un de très humain dans ce milieu aseptisé, on s’intéresse à plus que sa simple fonction au sein de l’hôpital. Il attend d’adopter une fille et Magda et lui vont entretenir peu à peu une relation amicale.
Si la première partie du film est très juste et forte en émotion surtout grâce au rôle de Penelope Cruz dans son acharnement contre la maladie, on est un peu déçus de la tournure que prend l’histoire dans la seconde partie. On regrette un peu un scénario qui choisit le positivisme plutôt que le réalisme, au détriment de la crédibilité du récit. Même si toute la difficulté de ce récit est d’insuffler du positif dans l’histoire.