Le jeune Indien Srinivasa Ramanujan (Dev Patel) vit à Madras dans un milieu défavorisé. Il souhaite assurer un revenu digne à son ménage, mais dépourvu de diplôme, il ne trouve pas de travail auprès des Anglais. Il est cependant recruté au ministère des revenus indiens. Surdoué en mathématiques bien qu’autodidacte, il parvient à s’inscrire à l’université de Cambridge pendant la première guerre mondiale. Armé de volonté et de courage, à force d’efforts et avec le soutien du professeur G.H. Hardy (Jeremy Irons), il va devenir l’un des mathématiciens les plus doués de son temps.
Matthew Brown réalise ici un biopic sur la vie du mathématicien indien Srinivas Ramanujan à partir du livre The Man Who Knew Infinity : A Life of the Genius Ramanujan écrit en 1991 par Robert Kanigel. Bien qu’assez conventionnelle, cette comédie dramatique nous raconte de manière juste et sincère l’histoire du jeune mathématicien qui était à la fois génie et autodidacte. C’est un récit absolument poignant auquel on résiste difficilement. Le scénario écrit par Matthew Brown est servi par de bons comédiens. Dev Patel (Slumdog Millionnaire de Danny Boyle), se fond dans le rôle du jeune indien qui va abandonner les siens et ses traditions pour servir sa passion des mathématiques à un prix très cher. Janaki son épouse (Devika Bhisé), lui reprochera avant son départ : « Tu aimes plus les chiffres que les gens ». Il affrontera les problèmes avec courage et ténacité. La collaboration avec celui qui va devenir son mentor, le professeur G.H. Hardy (Jeremy Irons, Oscar du meilleur acteur pour Le mystère von Bülow de Barbet Schroeder), est dans un premier temps assez froide, le professeur souhaitant tester les capacités de son nouvel élève. Il va le coacher assez durement pour l’obliger à démontrer des formules trouvées naturellement. Les deux personnages entretiendront cependant un lien privilégié d’admiration mutuelle. Pour l’anecdote, G.H. Hardy fut un peu plus tard le professeur de Alan Turing (inventeur de l’informatique et déchiffreur d’Enigma) au Trinity College de Cambridge, sorte de fabrique à génies.
Un sujet très actuel transparait à travers cette fiction puisque la question de l’immigration y est posée avec tout ce qu’elle implique. Le personnage principal doit quitter sa terre et les siens pour évoluer dans la vie. Srinivasa Ramanujan est contraint à beaucoup de sacrifices pour partir. Outre l’abandon de ses proches, notamment de sa jeune épouse il devra transgresser les croyances indiennes : « traverser la mer est interdit » implore sa mère. Il se coupe les cheveux, s’habille en costume trois pièces occidental… Pour s’adapter à un nouveau pays qui ne l’accueille pas aussi bien qu’il aurait pu espérer. Il arrive en sandales devant le professeur qui fixe ses pieds du regard. Il lui explique alors que les chaussures le blessent. Végétarien, il recrachera une pomme de terre cuite dans de la graisse de bœuf au réfectoire du lycée. Outre les difficultés d’adaptation liées à l’arrachement à son propre pays et à ses traditions, le jeune indien se confrontera au racisme. Il connaitra la difficulté d’arriver dans une Université de Cambridge où il est l’un des seuls Indiens. Raillé par certains professeurs, il sera malheureusement tabassé par de jeunes soldats anglais.
Le film rend hommage à un génie autodidacte qui n’a pas été reconnu à sa juste valeur de son vivant. Il relate tout le mystère d’un être pour qui les formules mathématiques apparaissaient naturellement : « Une équation pour moi n’a aucune signification, à moins qu’elle ne représente une pensée de Dieu ». Les travaux de Srinivasa Ramanujan et de G.H. Hardy sont aujourd’hui utilisés dans des domaines extrêmement pointus tels que la théorie des cordes ou encore les trous noirs et la cryptologie (sécurité internet). Merci Messieurs.