La visite d’Agnès Varda au Festival de Cannes est un événement en soi. La cinéaste a réalisé son premier film, La Pointe Courte, annonciateur de la Nouvelle Vague, en 1955 et elle nous surprend encore aujourd’hui par sa liberté artistique.
Il faut dire qu’Agnès Varda et JR se sont trouvés. Lui, photographe, réalise des collages géants dans les lieux les plus insolites. Elle, cinéaste soixantenaire, s’épanouit aussi dans l’art contemporain, notamment à travers sa dernière exposition Patates & Compagnie. Les deux artistes discutent, se retrouvent autour de l’humain et comme l’indique le titre, de village en village, cherchent des visages, des rencontres. Leur entreprise est joyeuse, humaine et constitue un souffle d’air rafraîchissant par leur fantaisie et leur bonne volonté. Les rencontres sont fructueuses, les expériences étonnantes, comme ce portrait géant en hommage à Jeanine, dernière habitante d’une lignée de Coron, dans le nord de la France.
Côté fil rouge, JR demandera à Agnès Varda s’ils continuent à ne pas faire de plans pour le film. Elle lui répondra que c’est mieux, qu’il faut laisser le hasard faire les choses. Ceci concernant la construction du récit, partagé entre mise en scène et moments de vérité avec les protagonistes concernés. La très jolie musique, composée par Matthieu Chedid achève d’apporter une touche supplémentaire de positivisme dans le récit.
A Cannes, la cinéaste a été très ovationnée par le public, tant et si bien qu’elle s’est réfugiée dans son foulard, le visage caché… Tout un symbole pour cette grande dame intimidée, pourtant à la recherche de visages…